Spiritualité, Nouvel-Age - Editions, Livres
Un enfant très particulier

Un enfant très particulier

Je tourbillonne dans cet espace infini sans diriger ma volonté, lorsque tout à coup une trouée de lumière déchire l'espace... Je me sens attirée par elle sans savoir ce qu'elle me propose. Je vois une route qui serpente à travers des montagnes arides, je survole un impressionnant désert. J'imagine qu'il s'agit peut-être d'un pays comme l'Australie ou les USA tellement les dimensions sont vastes, les espaces grandioses. Autour de nous, les montagnes sont dentelées, de couleur ocre. En bas, sur la route sinueuse, une longue voiture blanche ressemble à un petit point mouvant. Sur cet horizon apparemment sans fin, c'est la seule chose qui bouge.

Sans pouvoir contrôler quoi que ce soit, je sens que je me dirige vers elle, et qu'elle n'est pas ma surprise de me voir assise à l'arrière du véhicule ! Le conducteur est un homme de taille moyenne, au teint clair, aux cheveux courts et aux vêtements élégants et modernes. De sa compagne assise à ses côtés, se dégage exactement la même impression de sérénité, de force et de calme souriant.

Une sensation de beauté et d'harmonie émane de l'ensemble de cette scène mais je ne comprends pas encore ce que je fais là.

C'est alors qu'à ma grande surprise, les deux êtres se tournent vers moi en souriant. À travers leurs regards, soutenus par des yeux à l'éclat étrange, je réalise qu'ils savent déjà qui je suis et pourquoi je suis là.

"Nous aussi nous sommes là pour une action bien déterminée, mais contrairement à certains des nôtres qui restent des années sur Terre, notre impact est ponctuel, momentané. Lorsque nous sommes envoyés pour un contact et une action précise, il nous suffit de créer des corps et des vêtements provisoires pour la durée de notre travail comme disent les gens de la Terre !"

Ce mot de travail semble les amuser beaucoup, et le fou rire qui les habite, même s'il est de courte durée, crée dans la voiture de belles couleurs arc-en-ciel, signe de la légèreté et de la bonté qu'exhalent ces deux êtres.

"Nous devons assister à un congrès concernant les recherches sur les manipulations génétiques et nous aimerions pouvoir y être entendus. Entre-temps nous avons quelques personnes comme nous à rencontrer, et de l'aide à apporter à un chercheur qui installe des appareils pour pouvoir entrer en contact avec les étoiles. Il lui manque une donnée importante, notamment une lemniscate qu'il doit placer de façon très précise dans ses constructions... Nous allons donc essayer de lui en donner l'idée."

- "Je sais que chez toutes les personnes qui ne viennent pas de cette Terre, il y a un signe de reconnaissance dans l'aura. Ne craignez-vous pas d'être découverts et que votre action soit affaiblie ?"

- "L'Amour est la meilleure de nos protections. Nous n'avons rien à craindre car c'est la Vie qui nous propose telle ou telle action. Sur Terre, la notion d'Amour a été très galvaudée et sous le mot Amour, se retrouvent : la possession, les émotions, les obligations, ou la naïveté sous prétexte de ne pas juger. Lorsque le peuple de la Terre cessera de se raconter des histoires et de disserter sur des notions illusoires, alors il saura que simplicité, joie et Amour sont frères et sœurs. Le vocabulaire que vous employez est essentiel car chaque lettre est un être vivant qui transporte un concept créateur. Vos mots sont votre Vie, mais disserter des heures sur des concepts entourés de mots, voilà votre tour de Babel, votre difficulté de communication. Pour communiquer, il faut avant tout communier, et pour communier, il faut avant tout aimer et s'aimer aussi soi-même.

Regarde : nous arrivons à un endroit qui devrait t'intéresser."

En effet, dans ce désert, au détour d'une montagne, apparaît un petit village de pierre et de terre, à quelques centaines de mètres de nous.

La voiture s'arrête avant le village, près d'un muret, un peu à l'écart de la route. Le couple descend et m'invite à le suivre. C'est alors que j'aperçois un petit garçon de cinq ans, assis sur le muret et lançant des petits cailloux à quelques mètres devant lui. Le petit bonhomme en salopette bleue nous regarde arriver de loin. J'ai la sensation qu'il nous attend mais je ne sais pas s'il me voit ou non. - (NDLR : faut préciser qu'à ce moment-là, Anne se trouve hors de son corps physique.) - À ce moment précis, il saute du muret pour se diriger vers nous trois et nous accueille d'un magnifique sourire. Ses perceptions sont assez fines pour sentir et voir ma présence et je regarde avec tendresse cette petite tête brune qui commence sa vie ici.

Au centre de ma tête, mais aussi de mon coeur, sa petite voix d'enfant résonne avec une grande clarté :

"Je ne suis pas ici sur Terre depuis de nombreuses années, comme vous pouvez le constater mais je sais quelle est ma route. La famille dans laquelle je suis venu me trouve un peu lent et rêveur, et je sais qu'ils craignent que je ne sois en retard par rapport aux autres enfants de mon âge. Cependant, mon âme a besoin de temps... Je dois prendre ce temps pour communier avec le monde végétal et animal ainsi qu'avec les Grands Êtres qui président à leur croissance. Cela fait partie de ce pourquoi je suis là.

Je passe la plupart de mes journées à parler à ces êtres invisibles aux yeux physiques et ils m'apprennent à comprendre le monde autrement. J'ai vu que plus tard, je participerai à l'avance de ce monde par la connaissance de sa physique occulte. Et puis je voudrais aussi vous dire que sur la planète qui est la mienne, l'enfance est presque inexistante. Cette période est considérée tellement peu utile qu'elle dure très peu de temps en regard de ce qui se passe ici... Alors, j'attend que vienne le moment où je pourrai agir avec efficacité et en attendant, j'écoute, je regarde et j'apprend tout ce qui me permettra d'aider cette planète sur laquelle je me suis incarné avec joie."

L'enfant n'a pas un seul instant ouvert la bouche et seul son sourire illumine son petit visage aux traits arrondis. À mon tour, d'âme à âme, j'ai envie de lui poser une question :

"Tu dis que ta famille semble ennuyée de ton attitude ; n'aurait-il pas été plus simple de t'incarner chez des personnes ayant déjà la connaissance de ces possibles incarnations d'enfants venus d'ailleurs ?"

- "Oh non, répond le petit être sans l'ombre d'une hésitation, cela rendrait au contraire tout bien plus compliqué ! Les parents de ce type ont vite fait de transformer leurs enfants en vedettes, même dans leurs cœurs ! Il est alors difficile de suivre sa propre voie lorsque l'on est sollicité, lorsque l'on sent une attente, lorsque les parents eux-mêmes ont leur propre démarche qui n'est pas forcément identique au chemin que nous devons prendre."

- "Mais n'est-il pas envisageable de trouver des adultes préparés à cela et conscients de leur rôle de simple éducateurs affectueux ?"

- "Oui, bien sûr ! Rien n'est immuable... Bien des adultes conscients servent de parents à des êtres de la Terre qui ont aussi beaucoup à faire et qui ont besoin de l'aide efficace de leur entourage. Certains des enfants qui s'incarnent à l'heure actuelle, et cela s'est accentué depuis une quinzaine d'années terrestres, ont fait entre deux incarnations de longs stages sur d'autres planètes et ont reçu des enseignements très précis à ce sujet. La plupart d'entre eux arrivent sur Terre avec des modifications notoires dans leurs corps subtils. Ces modifications touchent à l'ADN et aux cellules. Elles permettent à cette nouvelle race de Terriens d'accélérer leurs capacités internes et par là même, d'avoir une autre vision du futur de votre humanité. Ces enfants de plus en plus nombreux ont besoin d'une grande fermeté, de l'assurance de l'Amour des leurs, de bases solides sur lesquelles ils auront à s'appuyer plus tard, car ils sont là pour reconstruire et leur tâche n'est pas facile. Certains parmi eux peuvent sembler avoir des caractères durs, ils ont surtout besoin de ne pas marcher dans des sables mouvants. La société actuelle de la Terre donne beaucoup de bases techniques, mais tellement peu en ce qui concerne la Vie !

Un adulte ici n'a jamais appris à aimer, à sourire, à attendre. Il n'apprend ni à élever ses émotions au niveau du cœur pour aller au-delà, ni à résoudre ses problèmes existentiels, comme l'on dit. La solidarité, l'entraide, ne font pas partie des enseignements de la Terre. Elles sont remplacées par la combativité, la rapidité, la compétitivité, l'assouvissement des désirs. Est-ce là les bases solides d'un monde en mutation ? Quant à moi, je préfère le coeur aimant d'une mère que tout le savoir ou la soi-disant bonne éducation d'une société révolue. Je sais que ma vie sera brève, quarante des années d'ici tout au plus. Je sais aussi que pour faire passer certains concepts, j'aurais à accepter le rejet des gens compétents de l'époque. Tout cela, je l'ai vu avant de m'incarner comme de grandes probabilités ; mais je sais aussi que ma vie, quels que soient les événements, sera telle que je la ferai : triste ou joyeuse, ordinaire ou extraordinaire, elle suivra simplement l'itinéraire que la force de mon âme saura imprimer en elle."

- "Tu parles de ta mère, mais ton père est-il présent ?"

L'enfant sourit encore et ce sourire illumine tous les alentours comme de petites perles de rosée posées çà et là sur les grains de sable du désert.

- "Je ne connais pas mon père. Ma mère m'en parle parfois et je vois alors que son cœur et ses mots ne disent pas pareil. Dans son cœur il y a de la tristesse et aussi de la colère. Dans ses mots, elle me dit qu'il m'aime mais qu'il a dû partir loin pour des raisons que je ne peux comprendre.

Dans ces moments-là, je suis un peu triste pour ma mère et pour cet homme que je ne connais pas, mais dans mon cœur c'est sans importance. L'essentiel pour moi comme pour n'importe quel être vivant sur n'importe quel monde, c'est de savoir qu'il y aura toujours assez d'Amour dans l'univers pour nous y abreuver.

L'Être humain ne donne que ce qu'il peut donner : pourquoi attendre tout de lui et se sentir perpétuellement en manque d'Amour quand il n'a pas su ni pu nous satisfaire ? L'Amour n'est pas dans le cœur de l'un ou de l'autre, il est partout, dans la moindre parcelle de vie, dans la moindre cellule de notre corps. Si nous, nous apportons de l'Amour, nous saurons l'offrir autour de nous. Si nous savons que personne d'autre que nous-même n'a pour fonction de combler nos manques, nos attentes ou nos incapacités, nous ne pourrons en vouloir à quiconque..."

Le petit garçon s'est tourné vers le couple et semble communier ou communiquer avec eux. Je ne sais pas ce qu'ils se disent et ne cherche aucunement à le savoir. Un éclat de rire illumine l'endroit et les trois êtres qui semblent bien se connaître se saluent à la manière de certains saluts et bénédictions en Inde : front contre front, ils restent ainsi quelques instants... C'est maintenant à mon tour de saluer l'enfant : nos deux fronts posés l'un contre l'autre, je me sens envahie par une douce chaleur, une intense lumière. Ce contact plus étroit me lave d'un tas de petits nœuds qui me paraissent tout à coup tellement lointains, tellement dérisoires que la joie et le rire m'envahissent aussi et me font l'effet d'une grande lessive interne !

Je regagne le véhicule à la suite de mes deux compagnons du moment.

La voiture roule à bonne allure, tandis que le couple chantonne comme n'importe quel couple de la Terre, heureux de vivre et conscient du moment. Je me laisse bercer par cette expérience nouvelle, ne cherchant même pas à savoir ce qui m'attend ensuite. Perdue dans mes réflexions, je me dis que la science fiction d'aujourd'hui a souvent des idées très proches d'une réalité que nous découvrons à peine.

"La plupart de ceux qui sont connus dans le monde des films ou des ouvrages de science-fiction ont eu des rapports avec les êtres des étoiles. Les nuits de la planète Terre sont riches en contacts et en voyages lointains, et même si les souvenirs au retour sont parfois un peu confus, la trame essentielle reste et le message passe.

À propos, nous savons que tu t'es, depuis un certain temps, intéressée aux crop circles et tu en possèdes d'ailleurs de très belles photos. Alors, je pense que ce que nous allons te dire va t'intéresser."



Formation de crop circle non loin de Stonehenge au début de l’été 2004


La jeune femme se tourne vers moi et me regarde avec enjouement. Elle continue :

" Certains humains pensent à un canular, d'autres pensent à des messages extraterrestres. Alors, vois-tu, il y a ces deux possibilités et je sais que cela t'étonne car tu connais nos facilités à créer de tels dessins et tu ne mets pas en doute l'origine de ces cercles. Écoute bien ! Certains parmi les habitants des planètes de l'Alliance, les planètes confédérées, ont décidé de proposer aux êtres de la Terre une marque tangible sur laquelle ils puissent œuvrer. Après de longues réunions et de nombreuses concertations, il a été décidé que ces marques seraient laissées visibles aux yeux de tous et difficiles à recréer artificiellement. Ces dessins devaient, en outre, avoir des particularités exceptionnelles dont la création d'ondes de forme sur des kilomètres à la ronde et ils devaient contenir des données accessibles aux plus grands scientifiques de votre époque. Ces données une fois découvertes doivent permettre de concevoir une existence hors de la Terre avec beaucoup plus de facilité. Elles touchent notamment le domaine de la physique nucléaire et concernent l'espace-temps et la composition subtile du corps humain. Ces découvertes vont révolutionner vos schémas médicaux et aussi les données de votre physique actuelle.

Les crop circles ont donc ainsi fait leur apparition. Mais les forces de séparation veillaient, et à l'aide des plus doués de leurs inventeurs, elles sont parvenues à reproduire des images analogues qui alimentent la confusion entre les supporters et les détracteurs de ces figures géométriques. Il manque cependant aux dessins fabriqués par ces forces contraires des éléments qu'ils ne peuvent encore connaître. L'un des éléments manquant entraîne la destruction de toute forme de vie là où il apparaît. Les crop circles fabriqués par les plus doués de vos scientifiques ne seront jamais que des images vides d'énergie et de sens ; mais que cela ne vous inquiète pas, il y en a peu de la sorte... Juste de quoi créer le doute et la division. Soyez simplement assurés que rien n'est jamais inutile ; ces éléments qui vous divisent, vous poussent les uns contre les autres, vous paraîtront tellement anodins lorsque vous ne leur accorderez plus d'importance ! Ils n'ont que le mérite de vous faire réfléchir à ce que vous voulez vraiment : voulez-vous avoir raison pour le simple fait d'avoir raison ou permettez-vous à la vie de vous montrer plusieurs facettes qui contiennent toutes une parcelle de vérité ? Quel est votre but : vous battre constamment contre l'autre et donc contre vous-même ou dépasser ces imaginaires oppositions et, par delà elles, rejoindre l'UN ?

Cela ne signifie nullement être en accord avec tout et avec tout le monde. Ce n'est pas d'une démarche intellectuelle dont je te parle ici mais d'un bouleversement plus profond, jusqu'au cœur de chacune de vos cellules. Les mots ne traduiront jamais ce qui peut survenir alors... L'ennemi lui-même n'est plus ennemi, l'obstacle n'en est plus un et la séparation devient elle-même une partie de l'Unité. Il suffirait pour cela d'un peu plus de confiance dans vos vies, d'un peu plus d'Amour dans vos regards pour que cette transformation s'opère. Sans cela, votre monde traversera douloureusement ce passage, mais sois sûre que rien ni personne ne l'en empêchera. L'Autre ne sera jamais un ennemi, même si vos peurs, dictées par le mental, vous le font croire jusque dans le plus petit de vos actes. Inconsciemment, vous luttez toujours contre un ennemi ou un obstacle potentiel, et lorsque vous semblez lâcher, c'est une défaite ou une lassitude qui en est la cause. Votre vie est une suite de luttes contre vous-même en priorité, et vos cellules ne peuvent s'autonomiser dans cette course incessante. Ceux d'entre vous qui ont cessé la lutte l'ont bien souvent fait par peur du monde et par manque de confiance et donc d'Amour envers eux-mêmes.

Il n'est plus temps de disserter sur la vie ; vivez-la dans toute sa plénitude ! Que chaque acte soit un jaillissement de Joie ! La chrysalide que vous avez tissée autour de vous en guise de protection n'a plus lieu d'être. Comprend-moi bien, je ne veux pas dire par là que vous devez devenir des naïfs prêts à vous exposer à tout et à tous, mais sachez simplement que vos protections sont illusoires et mentales. Vous pourrez vous tisser tous les cocons protecteurs possibles, élever toutes les barrières intérieures et extérieures, rien de tout cela ne vous protégera. Vous devez maintenant passer une initiation majeure, et pour cela vous tenir debout et faire face à vos propres obstacles.

Vous ne réussissez pas dans tel ou tel acte, vous détestez telle ou telle personne, mais pourquoi ? Quelle est la peur, la colère contre vous-même qui se cache derrière chaque acte qui n'est pas Amour ? Toutes ces forces de séparation, en vous et hors de vous, travaillent pour la Lumière. C'est par elles que se posent les interrogations, grâce à elles que naît le discernement après la confusion. Il est sain cependant de ne pas les ignorer et de savoir que, si la plupart de vos gouvernements mettent en place des structures qui semblent favorables aux extraterrestres, il n'en est rien en réalité. Ces unités sont créées pour engendrer le doute, en laissant filtrer des informations réelles, puis en les contredisant, et en créant de fausses nouvelles pour mieux discréditer les vraies."

- "Mais quel est l'intérêt de tout cela ?"

- "La confusion, la peur, la méfiance créent une onde de faiblesse à la surface de votre globe et le rend ainsi plus fragile et manipulable. Ce plan vient de plus loin que vous ne le pensez et il s'appuie sur l'ego des humains. Mais il ne doit pas pour autant vous effrayer. C'est votre Joie véritable, votre Unité intérieure qui peut affaiblir les plans les mieux conçus pour vous emprisonner. Vous confectionnez avec soin vos propres prisons et ensuite vous voulez vous en échapper... Ne trouves-tu pas cela incohérent ?"

Aucune intonation acerbe n'est contenue dans cette interrogation et je souris, car je vois bien combien nous devons paraître enfantins, vus d'un autre niveau. Notre jardin d'enfants est pourtant simplement terrifiant.

Toute à mes réflexions, je ne vois pas combien le temps a passé. Le jour décline doucement et une vapeur monte du sol encore chaud. Mes compagnons arrêtent la voiture comme pour me saluer :

"Je crois que tu es attendue, dit l'homme d'un ton amical, le voyage n'est pas encore terminé."

En effet, depuis quelques instants, je sens le tiraillement caractéristique au-dessus de mon ombilic, cet appel vers d'autres lieux, peut-être d'autres temps.

J'ai la sensation de monter sans contrôle vers un je ne sais où encore inconnu, lorsque tout à coup je sens en moi monter le doute, la peur. La peur de ne pas savoir raconter, la peur de je ne sais quoi. À ce stade, j'ai la désagréable impression de nager dans un liquide visqueux qui m'emprisonne de plus en plus. Je refuse en bloc toutes ces idées qui parasitent mon avance, mais plus je les refuse et plus elles semblent me coller à la peau. J'entends à peine la petite voix au fond de moi qui tente de me rejoindre : "laisse passer, ces émotions ne t'appartiennent pas. Ne t'y accroche pas !"

Plus j'essaie de m'en détacher et plus je m'englue dans cette matière molle. Cette fois, c'est un peu comme si la confiance elle-même me quittait. Une angoisse me tenaille, une peur viscérale... Et si j'allais rester là pour toujours flottant dans un univers poisseux de peur et de tristesse ?...

Je suis maintenant prisonnière d'une gigantesque toile d'araignée, je ne peux plus bouger, je suis dans un monde obscur et sans bruit dans lequel je flotte, paralysée, entortillée comme une momie. Seules, mes pensées continuent de tournoyer, je les sens, je les vois : je ne les aime pas ; elles ne sont pas toutes à moi mais me collent à la peau, je les refuse... Que vais-je faire ? J'essaie de faire taire les pensées qui s'agitent, pour trouver un peu de paix dans ce cocon terrible qui m'oppresse. Plus je fais des efforts, plus l'étau se resserre. C'est alors que de la même façon qu'un éclair peut traverser l'horizon, une lumière semble poindre au plus profond de moi, à peine sensible dans ma paralysie générale. Je m'y accroche désespérément, mais là aussi elle m'abandonne, du moins est-ce la sensation que j'en ai...

Je me sens seule et livrée à moi-même, lorsque tout à coup, je réalise que ces pensées correspondent à un vieux schéma qui m'habite depuis longtemps : l'abandon. Toujours immobilisée, tournoyant dans cet espace hostile, j'accepte cette fois, réellement et profondément, de traverser l'expérience dans laquelle je me suis empêtrée et ce, jusqu'au bout, quoi qu'il arrive. Je veux traverser mes peurs et savoir ce qu'il y a derrière. Je ne leur en veux plus, je ne repousse plus ces pensées : ni les miennes ni les autres. J'accepte tout comme faisant partie de la vie. J'ai envie de regarder comme un spectateur devant un écran de cinéma, je ne rejette plus, je n'agis même plus. Que ce qui doit être, soit ! Je sais dans le tréfonds de mon âme que lorsque je pense cela, ce n'est pas pour faire semblant.

Alors, peu à peu, je respire mieux, l'étau se desserre, la lumière pénètre mon cocon sombre et dans mon cœur, une toute petite voix prononce ces mots étranges : "Traverse le cocon, tu es dans le corps astral de la Terre ; rejoins-nous, nous t'attendons." La petite voix se brouille et je n'entends plus qu'un grésillement, un crépitement, comme ceux de haut-parleurs détraqués par quelque parasitage. Et si c'était un test, pour voir si je veux encore et toujours ? Je ne veux plus rien, sinon ce que la vie me propose. Je suis, pour une fois, sans aucun désir. J'attends, et au fond de mon attente, je suis saisie, remplie, absorbée, par une vague immense de compassion. J'ai la sensation d'être au cœur de chacune de ces émotions, je ne les accepte plus seulement, je les accueille, je les aime, non avec pitié mais avec compassion. Je les vois sans jugement, simplement comme elles se présentent à moi, mais aussi avec tous leurs devenirs possibles. Je ne cherche pas leur transformation, leur changement, elles sont ce qu'elles sont à cet instant précis et c'est bien ainsi. Autour de moi, l'univers gluant a disparu, les pensées qui tournoient sont légères et lumineuses comme les plus beaux papillons de notre Terre. J'ai traversé et je suis libre, libre d'une partie de moi qui ne me fait plus peur...

Dans le tunnel de Lumière qui m'absorbe, j'ai la sensation d'un retour à la maison : un moment privilégié où l'on est profondément heureux parce que l'on se sait attendu, parce que, quelque part, une petite voix nous dit que l'on va encore pouvoir se débarrasser de quelques bagages encombrants."


Extrait du livre "Alliance" d'Anne Givaudan




Un enfant très particulier (Spiritualité, Nouvel-Age - Editions, Livres)    -    Auteur : jean - Canada


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dernière mise à jour : 2009-08-04

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