Angélique : Certains mourants ne veulent pas mourir, ils ressentent beaucoup de culpabilité envers ceux qui restent.
Jean-Marie Bigard : le mourant essaye de prendre soin de son entourage et essaye de lui masquer sa mort prochaine, afin de ne pas lui faire de peine, ce qui l'amplifie évidemment.
Tout ce qui est caché, ce sentiment assez palpable, tout le monde le nie, comme si on était dans l'eau jusqu'au cou. Qu'est-ce que c'est sec ici, moi je suis complètement desséché et on est dans l'eau jusqu'au cou tous et tout le monde dit : non non, il n'y a pas d'eau.
Moi mon boulot à moi, c'est de dire qu'il y a une tâche sur la robe, même si personne ne veut le dire. C'est ce que je fais dans mes sketches. Quand j'ai écrit le sketch du camion je dis : vous avez remarqué, à chaque fois qu'il y a un mec qui se fait écraser par un camion, il y a toujours un con dans l'entourage, souvent un proche, même quelqu'un de la famille qui dit : et moi comme un con je lui paye un café. Si je lui paye pas de café , il passe deux minutes avant au carrefour et il n'est pas écrasé par le camion.
Ce à quoi je réponds : oui mais si on remonte ces deux minutes là, il faut remonter aussi les deux minutes d'avant et puis même le quart d'heure, parce que le quart d'heure d'avant, le mec avait repris du fromage au restaurant, donc c'est un peu de sa faute aussi;
Et les parents, il ne sont pas tout blanc dans l'histoire. La mère, au moment de l'accouchement, elle pouvait pas se retenir 30 secondes, serrer les cuisses pour sauver son fils ? et le grand-père ? il est né qu'en 19, à cause de la guerre de 14 ... 5 ans de décalage. Tout ça parce qu'un archiduc a été se promener à Sarajevo, encore, François Ferdinand. Boum, il se prend une balle.
Puis je remonte et il y a eu les fraises de Grouchy. Parce que si Grouchy n'avait pas mangé des fraises, on n'aurait peut-être pas perdu à Waterloo, on n'aurait envahi Vienne et puis l'archiduc n'y serait pas allé. Et je remonte ce sketch jusqu'à Adam et Eve.
Ce sketch, entre les lignes, veut tout simplement dire qu'il faut accepter son destin. Il faut accepter. Il y a eu un accident, on va perdre quelqu'un, l'autre il a un cancer et il va bientôt y aller.
Et bien, il y a deux solutions : C'est où tu refuses et tu es malheureux tout le temps, où tu acceptes. C'est un exercice comme quoi l'outil du rire peut permettre de véhiculer absolument toutes les idées, tous les sentiments, en l'occurrence, tous mes sketchs sont animés de quelque chose comme ça. Celui du camion, c'est sur l'acceptation de son destin. Les gens qui vont écouter ça vont dire, alors, il faut que je le réécoute, parce que c'est un sketch rigolo.
Angélique : on peut le réécouter facilement ce sketch là ?
Jean-Marie Bigard : il doit être déjà vendu à quelques 200.000 exemplaires. C'est la vidéo de mon dernier spectacle, normalement ça doit être possible, il suffit d'aller dans un magasin de K7 vidéos et donc, vous demandez la k7 "le penseur" de Jean-Marie Bigard.
Angélique : Pour en revenir à notre sujet, toujours dans le principe de l'accompagnement des mourants ...
Jean-Marie Bigard : oui, c'est très gai comme émission, ça va bien relancer l'ambiance ça.
Angélique : je suis désolé de la casser.
Jean-Marie Bigard : on en était donc aux mourants, alors quels types de mourants ?
Angélique : ceux qui arrivent dans un service, qui apprennent qu'ils sont condamnés, qui sont évidemment furieux, qui essayent de négocier et qui veulent tout de suite en finir, qui demande l'euthanasie, qu'en penses-tu ?
Jean-Marie Bigard : c'est un réflexe tout à fait normal, je ferai peut-être la même chose, j'en sais rien. C'est le refus, c'est ne pas accepter. Quand il y a refus, on veut passer devant, à ce moment, c'est moi qui vais décider et puis c'est tout de suite. Il n'y a pas de raison que je continue à souffrir.
Petit à petit, ces gens là se rendent compte qu'il y a toutes les raisons de continuer, ne serait-ce que quelques jours, quelques semaines ou même quelques heures. il y a toutes les raison, parce que c'est dans ces dernières heures là que l'on aura les plus grandes sensations.
Angélique : en fait, la demande d'euthanasie est très souvent une tentative de communication pour faire passer un message, quelque chose qui n'est pas réglé.
Jean-Marie Bigard : sûrement, moi je ne suis pas psychiatre. C'est un refus. Ce refus disparaît au bout de quelques jours parce que la personne se rend compte que c'est mieux de mettre toutes les choses en ordre et de faire un petit bilan et puis de ranger un peu les papiers avant de partir. C'est toujours mieux.
Angélique : certains mourants se réfugient dans le coma, parce qu'ils ne supportent pas du tout la confusion dans laquelle ils sont, dans laquelle l'entourage est, plus exactement. A partir du moment où l'entourage sait, à ce moment là leur lucidité revient. Ils ne sont pas encore en état de mourir, le travail n'est pas fait mais en même temps, il ne veulent plus supporter. C'est comme s'il coupaient la communication.
Jean-Marie Bigard : c'est à dire que comme tout le monde ment à tout le monde, ça devient une chape de plomb tellement dure à porter, que l'intéressé préfère couper le courant, comme ça il est dans le noire et il ne voit plus rien. Là aussi c'est toujours moins bien.
Angélique : certains disent que pour les proches, il est plus facile de laisser mourir quelqu'un quand on est en pais avec lui. Qu'est-ce que tu en penses ?
Jean-Marie Bigard : de toute façon, il est plus facile d'être en paix que d'être en guerre. Ce qui nous semble le plus facile, et ce à quoi on cède, c'est la colère. Par exemple le coup de poing ou les sanctions, ou la maîtrise de l'autre, ou le pouvoir que l'on peut avoir sur l'autre, alors que c'est faux. C'est un collier que l'on se met à soi-même : être obligé de tenir ou un tas de gens, ou un tas de pognon, ou un tas d'envies ou un tas de désirs, mais tout cela c'est un joug.
Angélique : tu nous parle du lâcher prise là, en fait ?
Jean-Marie Bigard : oui; la paix et la vérité que l'on peut exprimer et sortir de son coeur est toujours moins lourde. C'est pas forcément le plus facile à faire mais il s'avère qu'à chaque fois tu es gagnant et à chaque fois, la vie est moins lourde à porter.
Angélique : A la veille de leur mort, les mourant, donc ...
Jean-Marie Bigard : à la veille de leur mort, les mourants sont tout près de mourir. On est emmerdé avec ça.
Angélique : et en fait les malades s'intéressent à ceux qui les soignent. En fait, le fait de mourir n'est plus important pour eux, à ce moment là. Ils se projettent dans le futur, dans l'avenir. Tout d'un coup tout va bien, leur vie marche bien, le centre des préoccupations se déplace et ils voient la vie telle qu'ils auraient pu la voir.
Jean-Marie Bigard : qu'est-ce que tu veux que j'ajoutes à ça ?
Angélique : qu'est-ce que tu en penses ?
Jean-Marie Bigard : je suis d'accord.
Angélique : il y a un rapport autre, le calme de la personne et le temps. C'est très important la notion de temps pour la personne qui va partir. Le temps se suspend. François Mitterrand a dit :" on découvre toujours trop tard que la merveille est dans l'instant". L'instant présent, ça représente quoi pour toi ?
Jean-Marie Bigard : l'instant présent, c'est l'instant qu'on vit constamment et c'est celui qu'on oublie perpétuellement. Ce qui fait le malheur des hommes, c'est qu'on projette toujours d'avoir un désir qui est demain.
Mais le bonheur n'est pas demain, c'est aujourd'hui. C'est même pas aujourd'hui, c'est maintenant, à la seconde, là où je parle, c'est là le bonheur. C'est pas après. Après, ce sera l'instant d'après et puis avant, l'instant est passé.
Le seul moment qu'on vit constamment, c'est le moment présent et c'est celui qu'on oublie constamment de vivre. C'est à dire qu'on a une projection, on se dit : pour avoir le droit (c'est plus fin que ça), d'être malheureux maintenant, il faut se dire qu'on va être heureux demain.
C'est comme ça que fonctionnent 90% des gens :"c'est normal qu'en ce moment je ne sois pas très heureux, que je ne sois pas complètement épanoui, puisque le bonheur ce sera demain. Ce sera quand j'aurai un cheval, avec une maison et un court de tennis derrière, ou n'importe quelle autre connerie qu'on peut désirer.
En fait, les gens se retrouvent, pour la plupart, à désirer désirer, plutôt qu'à désirer obtenir. Souvent obtenir c'est faire le deuil de son désir. C'est terrifiant. Voilà, tu voulais un cheval et clac, on te donne u cheval. Ah bon, mais comment ça se fait, je ne suis pas plus heureux là que tout à l'heure , ou ça va pas durer. Alors, il faut que tu cherches autre chose. Tout ça c'est la course vers le monde extérieur.
Mais il y a un endroit dans notre coeur, ou Dieu réside, si jamais on arrive à s'y plonger, à rentrer dans le monde intérieur. Il y a un moment où on est constamment dans le bonheur et dans le moment présent. C'est partout sauf dans le monde extérieur.
C'est une des raisons pour lesquelles je crois en Dieu, Dieu qui est dans le coeur de chacun, j'entends bien, parce que c'est le seul endroit où on est en paix. Où on n'est plus obligé d'être heureux ou malheureux constamment, c'est l'attirance des contraires.
Angélique : les mourants nous disent :"ne passez pas à côté de la vie, ne passez pas à côté de l'amour". La vie, pour toi, est-elle un don de Dieu ?
Jean-Marie Bigard : bien sûr que c'est un don de Dieu. La vie d'abord ne s'arrête pas, encore une fois. La vie, on se la transmet. Ce n'est pas la vie qui s'arrête, mais la vie d'une personne dans un temps, dans un corps, à une période qui commence et s'arrête, à peu près limitée dans le temps. Sinon la vie elle, est éternelle, comme l'amour qui est la plus grande force de l'Univers.
Angélique : je vais en venir maintenant à des sujets moins tabous.Tu as roulé ta bosse, tu es venu de Troyes sur Paris, ça fait maintenant quelques années, tu as réussi en faisant rire sur le malheur des autres.
Jean-Marie Bigard : le seul truc qui est drôle, c'est le malheur des autres. Le bonheur ne fiat pas rire. Le bonheur ne fait rire strictement personne. Quand le couple s'embrasse à la fin du film, tout le monde pleure dans la salle. Tu ne vois personne éclater de rire en voyant des gens heureux. On ne fait rire qu'avec nos travers, qu'avec nos défauts, qu'avec justement ce qui nous permet de rendre dérisoire les attentions, les préoccupations qu'on a et qui sont tellement futiles.
C'est exactement ça le rire. Le rire nous permet de remettre en place les vrais choses. C'est un échappatoire, c'est une fenêtre ouverte. Au milieu du désarroi le plus total, tu peux encore éclater de rire, devant une situation ou tu vas te trouver ridicule, ou un geste, ou un mot d'enfant maladroit. C'est que tu vas saisir qu'au milieu de la merde dans laquelle tu es, tu ouvres une fenêtre, il y a un rayon de soleil qui rentre, c'est un rire. L'humour, ça rime presque avec amour.
Angélique : en 1990, tu déclarais vouloir déchirer toutes les conventions et dédramatiser les pires situations. 7 ans plus tard, quel est ton bilan ?
Jean-Marie Bigard : le monde va toujours son chemin. Je fais toujours rigoler les gens. Je le fais certainement de mieux en mieux parce que je suis de plus en plus serein et qu'autour de moi, tout un tas de choses se sont aplanies.
Déjà le fait de savoir si ça va marcher ou pas, ça marche, tu sais que ça marche, que ça fonctionne. Tu fais un spectacle, t'en fais un deuxième, un troisième, un quatrième. Il y a de plus en plus de gens qui viennent te voir. Donc, il y a tout un tas de choses qui me permettent d'être de plus en plus serein.
Je me suis rendu compte qu'en 13 ans de temps, mes copains, mes vieux potes intimes, au fils des spectacles, me disaient :"c'est bien, tu commences à nous faire rire presque comme quand on est à table en train de bouffer avec toi".
Là le dernier spectacle, ils m'ont dit "ça y est, on était à table avec toi. On avait oublié qu'il y avait 1000 personnes avec nous, parce qu'on a l'impression que tu es assis à côté de chacun d'entre nous et puis qu'on est en train de se marrer".
Et bien il a fallu 13 ans pour que je sois naturel sur scène comme je peux l'être autour d'une table. ça prend 13 ans, donc il faut du temps pour faire les choses. Mais c'est un bonheur incroyable. Quand tu as pris, déjà pour toi, et que tu peux déverser gratuitement, là pour le coup, pour les autres, puisque pour parler du don on pourrait parler de ça.
Les indiens définissent l'égoïsme en disant :"remplis d'abord ton tonneau, quand il débordera, il y en aura pour tout le monde et ce sera gratuit".
Angélique : attends, les gens viennent te voir, ils payent quand même.
Jean-Marie Bigard : bien sûr ! et en retour ils ont quelque chose. Ils payent parce qu'ils viennent chercher quelque chose.
Angélique : oui, mais ce n'est pas gratuit alors;
Jean-Marie Bigard : évidemment. Je viens et je les fais rire, mais la notion d'argent n'intervient absolument plus dans ce que les gens prennent et reçoivent. Tu ne peux pas le quantifier.
Je l'ai fait d'ailleurs parce que c'était un argument dans un spectacle comique, de dire :"vous avez rigolé 250 fois, vous avez payé 150 balles, ça vous met le rire à tant de centimes, sauf monsieur qui n'a rigolé que 2 fois, il a pris 2 rires à 75 balles, parce que ce n'est pas quantifiable.
L'histoire d'amour entre quelqu'un qui est sur une scène, qui fait rire 1000 personnes, n'est absolument pas quantifiable, elle est totalement gratuite. ça vaut de l'argent, parce que précisément il s'avère que ça marche et que tu peux investir sur quelque chose, tu sais que tu vas rigoler.
ça ne te viendrais pas à l'idée d'aller voir monsieur tartempion, si jamais tu ne le connais pas, si tu ne sais pas du tout ce qu'il fait et qu'il dit qu'il va te faire rire. ça ne sera pas un réflexe d'y aller. Par contre tu y vas parce que tu sais qu'il y a de fortes présomptions pour que tu obtiennes ce que tu es venu chercher.
Mais après, sur la quantité et sur la qualité de cette obtention, il n'y a plus aucun chiffre qui tienne la route. C'est à dire que les gens peuvent ressortir déçus, ils n'en n'ont pas eu pour leur argent. Comme tu dis, ils ont payé. Mais, l'amour que j'ai donné, ça s'achète pas l'amour. Un soir, j'étais 50 centimètres au-dessus de la scène, je volais dans l'air, j'étais à la fois le public, le plateau, le théâtre et il y a des moments comme ça, des moments de grâce invraisemblables où plus rien ne veut rien dire.
C'est à dire que les gens ne veulent même plus que tu fasses un sketch, tu es parti dans un espèce de délire, tu es en discussion avec quelqu'un et il se passe quelque chose qui fait que tout le monde est écroulé, moi aussi, je suis écroulé de rire sur la scène. Et tout d'un coup on partage un moment, qui à lui tout seul, en 12 secondes vaut tous les bonheurs de la terre, pour tous les gens qui sont présents et qui tout d'un coup se partagent ça.
Quand on a l'amour dans le coeur, si on le partage en deux, on en a toujours autant.
Angélique :ton souhait, à l'époque était d'écrire un film, tu es en train de le faire, peux-tu nous en parler ?
Jean-Marie Bigard : c'est un film d'amour, comme par hasard, c'est un film rigolo, comme par hasard, d'émotions, comme par hasard et qui a un sens très profond, comme par hasard aussi. ça s'appelle "l'âme soeur". C'est une histoire d'amour qui démarre à mi-chemin des cieux, plus exactement sur un gros nuage blanc où il y a des anges qui s'apprêtent, précisément à revenir sur terre.
Il y a Balthazar l'Ancien qui est là et qui drive le truc et puis il y a 2 personnes qui s'aiment depuis plusieurs vies. Ils s'aiment et ne sont jamais arrivés à se retrouver sur terre. Ils demandent à Balthazar : est-ce que tu peux nous arranger le coup ? Balthazar dit :"non, pas question, vous récoltez ce que vous avez semé dans vos vies précédentes.
Tout est dans ce film. C'est la représentation exacte de ce que j'imagine qui se passe avant et après la vie, avec tout le jeu des karmas, le fait qu'on ne se souvient pas de la vie d'avant. Bien sûr, ça c'est le jeu, se serait trop facile sinon.
Donc on ne se souvient pas et il faut qu'on revienne et qu'on retrouve ça dans le fond de notre coeur, qu'on se dise : mais oui, je suis revenu encore un coup sur terre pour mieux comprendre un truc que je n'ai pas compris la dernière fois. C'est la raison pour laquelle il est interdit de se suicider, parce que ce n'est pas toi qui dois dire non, dire : c'est moi qui arrête ou non.
Dans ta vie d'après, tu reviendras exactement devant le même mur et il faudra le franchir de toute façon. Même situ as déjà hésité ou si tuas refusé de le franchir depuis 10 fois, et bien tu reviendras 150 millions de fois s'il le faut, mais il faudra que tu franchisse ce mur.
Il est très facile à franchir, parce que tu t'aperçois que le mur, en fait, il fait 2 centimètres de haut et qu'il suffit de trouver la paix, de se mettre au centre de la roue quand ça tourne trop vite et puis d'y voir plus clair.
Et voilà, l'âme soeur c'est toujours très très drôle et je suis en train de le réduire parce que le script est trop long et ça c'est terrible parce qu'il fait 150 pages et il faudrait qu'il ne fasse que 100 pages et je suis en train de faire ce travail.
Angélique : on parlait du film qui est en cours de fabrication, si je puis dire, et une pièce de théâtre ? ce n'est pas un rêve aussi ?
Jean-Marie Bigard : non, ça plus tard, car quand tu as la chance d'être seul sur scène, de tout faire, de faire la mise en scène déjà, de jouer, de t'occuper absolument de tout, après une pièce, ce sera pour le plaisir vraiment de jouer avec des copains, d'écrire une jolie pièce.
J'ai envie surtout d'écrire une pièce pou 6 voire 7 comédiens comme ça se fait maintenant, parce que je trouve que c'est bien. C'est bien parce que déjà ça fait travailler 10 comédiens même si, à partir d'un certain nombre, sur une petite scène comme le Café de la gare ou le Splendid, ça rapporte plus d'argent, mais quel bonheur de faire jouer des gens, de marcher et peut-être de faire une petite tournée derrière.
En ce moment, je suis un petit peu à l'écriture avec Patricia Levrey qui a écrit des pièces magnifiques ou Laurent Baffie, ou avec des tas de copains, on a un projet d'écrire des pièces et pourquoi pas, de jouer dedans, tout ça pour le plaisir. Là, la grosse échéance, c'est le cinéma. J'ai vraiment envie d'en faire. Je suis en trains de faire mon premier film. Les responsables de la Gaumont trouvent ce scénario merveilleux et j'en suis bien content. J'espère démarrer sur des chapeaux de roue avec ce scénario.
Angélique : toi-même, tu viens de terminer le tournage de Toulouse Lautrec ...
Jean-Marie Bigard : j'ai fait le rôle d'Aristide Bruant dans le film de Roger Planchon, qui est un tout petit rôle mais qui est très important, parce que Aristide Bruant était le personnage vedette de l'époque. Toulouse Lautrec est mort totalement inconnu. De son vivant, il n'a vendu pratiquement aucune toile. Ce qui l'a rendu célèbre, ce sont les affiches, précisément, du Moulin Rouge et du Chat Noir, les cabarets où chantait Aristide Bruant.
C'est Aristide Bruant qui disait, après avoir racheté le Chat Noir, si vous ne prenez pas les affiches de Toulouse Lautrec, vous n'aurez pas de chanteur. Il mettait tout son poids dans la balance, parce qu'il a eu le nez creux. Il a senti le talent de Toulouse Lautrec. Toulouse Lautrec est joué par Régis Royer qui est magnifique. Je crois que le film va être magnifique aussi.
Angélique : qu'est-ce que tu retires de ce tournage ?
Jean-Marie Bigard : j'ai beaucoup d'admiration pour Roger Planchon. A un moment, on était 400 entre les danseurs, les figurants et les comédiens. La caméra faisait un tour de 560 degrés. C'est un navire, c'est un paquebot France à faire rentrer dans le port de la Rochelle.
Les costumes étaient tellement beaux que quand on s'est pointé à la salle Wagram, et que l'on a vu tout ça, on y était. On était à cette époque là. Et puis Roger Planchon m'a donné mon premier rôle sérieux, Aristide Bruant. Donc, je chante debout sur les tables et tout. On a des scènes d'émotion avec Régis Royer, le personnage de Toulouse Lautrec? Ce sera la première fois au cinéma que j'aurai un rôle court mais intense.
Angélique : la sortie est prévue pour quand ?
Jean-Marie Bigard : je suppose pas avant le printemps dans le meilleur des cas, plutôt à la rentrée prochaine.
Angélique : et pour les projets tous proches ?
Jean-Marie Bigard : je vais tourner un film avec Jean-Michel Ribes, le hérisson, à la fin de l'année. On me propose beaucoup de choses dans des films qui sont de plus en plus intéressants. Je ne peux pas en parler parce que je ne suis pas encore décidé, mais je pense que je vais tourner 3 ou 4 films avant de tourner "l'âme soeur" dans lequel, évidemment, je joue un des rôles principaux.
Angélique : est-ce que tu as un message pour nos auditeurs ?
Jean-Marie Bigard : le seul message qu'on puisse dire, c'est que le plus important, c'est l'amour. |
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