D'après la revue "Ondes vives"
L'AVENTURE du Dr FRY
A WHITE SANDS dans le désert de Californie, le 4 Juillet 1930, alors qu'il était Ingénieur Chef du Terrain d'Essais d'Aérojets. Etant libre ce jour-là, il avait projeté de prendre l'autocar pour aller à LAS CRUCES. Il demanda l'heure du départ et l'employé lui répondit 19 h 30. Il se présenta à 19 h 15, mais le véhicule était déjà parti à 19 h. Il protesta auprès de l'employé qui lui avait donné un renseignement inexact, mais celui-ci répondit évasivement qu'il ne s'en souvenait pas. Faire 35 km à pied la nuit ne tentait pas le Dr. FRY. La base étant déserte, il pensa utile d'aller à la bibliothèque consulter un livre technique qui l'intéressait. Mais une panne subite avait arrêté le climatiseur et la chaleur dans la salle était insupportable. Au bout d'un moment, FRY sortit se promener pour avoir un peu de fraîcheur. Il se dirigea vers la Station d'Essais où on testait un nouveau moteur de réacteur. Aux 3/4 de la route, il s'avisa d'une piste qui la croisait et qu'il n'avait jamais par-courue. Il eut envie de savoir où elle menait et il s'y engagea. Le soleil s'était couché mais dans l'atmosphère limpide du désert, les lumières des étoiles et de la lune permettaient d'y voir clair. FRY regardait précisément un groupe d'étoiles brillantes quand l'un d'elle s'éteignit. Étonné il se demandait pourquoi, quand une autre disparut. Était-ce un avion qui avait intercepté leur lumière ? Non car dans le silence du désert, le ronflement d'un avion s'entend de loin. Et tout à coup, il vit venir à lui un objet qui atterrissait à une vitesse effrayante et à un angle de 45° environ. II se posa au sol sans aucun rebond ni course à terre, sans aucun bruit sauf celui du buisson que l'engin avait écrasé, à 20 mètres du Dr. Celui-ci eut envie de fuir, mais il se contint et ne bougea pas, dans l'attente des événements.
Comme rien ne se passait, il s'approcha prudemment de l'objet, en fit le tour. C'était une sorte de bol renversé sur une assiette de 10 m de diamètre et 4 m 50 de hauteur. En vol il avait une couleur bleu foncé, mais au sol il avait l'apparence de métal argenté finement poli, avec des reflets violets. Aucune trace d'ouverture, ni porte, ni hublot. Il semblait n'y avoir personne dans l'habitacle. FRY s'enhardit à toucher le métal de la coque. Il était tiède, mais les doigts glissaient sur la surface sans aucune friction, comme s'il y avait des millions de roulements à billes minuscules, et un petit picotement se fit sentir sur la paume de la main. A ce moment une voix rude retentit : « Mieux vaut ne pas toucher la coque, c'est encore chaud ». De surprise le Docteur fit un bond en arrière, se prit le talon dans une branche basse du buisson et tomba de tout son long sur le sable, vexé et humilié au plus haut point de se trouver dans une position Si peu digne en une telle circonstance. Mais la voix reprit sur un ton amical : « Ne vous en faites pas, camarade, nous sommes entre amis - Désolé de vous avoir fait peur, mais vous étiez en train de vous tuer ».
- «Voulez-vous dire que la coque est radio-active ? » dit l'homme.
- «Non, pas dans le sens où vous l'entendez. Il y a un champ magnétique autour de la coque qui repousse tout corps étranger. Vos physiciens diraient que c'est la force « anti-particule » de l'énergie de cohésion de l'atome. Cette énergie anti-cohésion des particules peut être extériorisée du noyau dans certains éléments tels que la platine, s'il est traité à saturation par exposition à un rayon de photons à haute énergie. Ces particules se refoulent les unes les autres et comme les électrons, tendent à s'échapper et repoussent tout ce qui se présente. Leur charge dure assez longtemps, ce qui permet à la radiation cosmique reçue par la coque lorsqu'elle vogue dans l'Espace, de maintenir une charge effective. Le champ de force est très puissant aux distances moléculaires mais, de même que l'énergie de cohésion, il suit la 7e Loi de puissance, de sorte que la Force devient négligeable à quelques microns de distance de la paroi de la coque. Si vous avez constaté que la surface semble douce et glissante, c'est parce que votre épiderme n'est pas entré en contact avec le métal, tenu à très faible distance par la répulsion du champ. Ce système empêche la coque d'être rayée ou endommagée au cours des atterrissages. Il permet de diminuer énormément la friction de l'air à grande vitesse. Le champ produit autour de l'engin un flux laminé d'air ou d'autres gaz, de sorte que peu de chaleur est générée ou transmise à la coque.»
- « Mais comment cela aurait-il pu me tuer ? Je n'ai senti qu'un léger picotement dans la main ».
- « Vous ne seriez pas mort immédiatement, mais dans quelques mois, car l'ex position à ce champ de force provoque la production dans le sang d'anti-corps qui, absorbés par le foie, le congestionnent et le détériorent lentement. Cependant vous ne risquez rien car vous n'avez pas subi l'action du champ assez longtemps mais il ne fallait pas que cela se prolonge ».
La Voix apprit ensuite au Dr. FRY qu'elle appartenait à un Extra-Terrestre qui n'avait jamais mis les pieds sur notre planète, car il n'était pas encore bien adapté à notre environnement, à notre pesanteur, à notre air vicié et à nos myriades de microbes mortels. Le présent essai avait pour but de constater si les hommes de la Terre pouvaient s'adapter rapidement à des façons de penser et à des concepts différents des leurs. Des expéditions précédentes, faites dans le même but, avaient complètement échoué au cours des siècles passés. Cette fois-ci, les E.T. espéraient trouver un Terrien suffisamment réceptif, afin d'aider les hommes à progresser, ou tout au moins à sauver leur race. Après l'avoir observé pendant longtemps, ils pensaient que FRY était l'homme qu'il leur fallait, et ils avaient combiné cette rencontre qui n'était nullement due au hasard. Ils avaient suggéré à l'employé des auto-cars une réponse fausse afin d'obliger l'ingénieur à rester. Ils avaient provoqué, toujours à distance, la panne du conditionneur d'air pour inciter FRY à sortir, et ils le poussèrent à aller à la Station d'Essai, puis à prendre la traverse qui devait le conduire au lieu de rencontre prévu.
- « Il est rare dit la Voix, que nous surimposions notre volonté à d'autres, car notre loi l'interdit, mais dans un cas de ce genre où il s'agit de l'intérêt de toute une population, cela est permis. Or il est question de préserver toute l'humanité terrestre et pour cela il nous faut absolument la coopération complète et confiante de quelques individus terrestres. Nous croyons que vous pouvez être l'un d'eux, mais la décision doit être prise par vous-même après avoir pris connaissance de nos projets. Vous aurez tout le temps d'y réfléchir car il se passera plusieurs années avant de prendre votre décision, mais lorsque vous aurez décidé de travailler avec nous, il vous faudra alors suivre certaines préparations. Ne croyez pas que cela vous apportera la gloire ou la fortune. Cela pourra même vous coûter la considération de vos amis qui ne comprendront pas les raisons de votre comportement. Votre seule récompense sera votre satisfaction intérieure d'avoir été utile à vos semblables dans une période extrêmement critique. C'est cette même récompense qui nous pousse à venir de très loin pour vous offrir nos services.»
«Si vous voulez bien faire un petit essai dans notre Soucoupe Volante, vous pourrez constater que nous pouvons vous apprendre beaucoup concernant notre technologie ».
Le Docteur FRY ayant accepté, la Voix expliqua que la Soucoupe Volante (S.V) était inhabitée et commandée à distance. Elle servait à prélever des échantillons d'air, de terre, de plantes etc... L'Extra-Terrestre qui parlait se trouvait dans un Vaisseau-mère beaucoup plus important, qui naviguait dans l'Espace, et sa voix était transmise par un système de transmission. Ce Vaisseau-mère se trouvait à quelque 1 500 km de la Terre, distance minimum qu'un navire de cette taille peut approcher d'une planète entourée d'une couche appréciable d'atmosphère. La S. V. étant complètement vide d'air, allait se remplir, dès que la porte serait ouverte, de l'air ambiant, à la même pression. Le Terrien y serait donc parfaitement à l'aise.
Effectivement, FRY entendit un léger bruit, tenant du sifflement et du murmure, qui dura environ 15 secondes. Il fut étonné, car la ruée de l'air entrant dans la S. V. vide, aurait dû provoquer le rugissement d'un vent violent. Il en déduisit que les parois de la S. V. étaient parfaitement insonorisées et étouffaient le brui?. Puis il y eut un déclic et une porte s'enfonça dans la coque, puis coulissa sur le côté et disparut, laissant une ouverture ovale de 1m50 x 0m 90 - Courbant la tête en avant, le Dr. pénétra dans une pièce d'environ 2 m 70 x 2 m 10 et 1 m 80 de haut, dont le parquet était à 40 cm au-dessus du sol. Les murs étaient légèrement incurvés et les angles arrondis. L'épaisseur du mur qui formait coque, visible à l'échancrure de la porte, était d'environ 10 cm. C'est dans l'épaisseur de ce mur que la porte avait coulissé. Au centre de la pièce il y avait quatre fauteuils disposés en carré, face à l'entrée. Ils étaient semblables à nos fauteuils modernes, mais pJus petits. Au milieu du mur arrière, à hauteur du plafond, FRY remarqua une petite boîte avec un tube qui lui parut être un dispositif à lentilles, genre caméra de cinéma ou projecteur. La lumière venait de la lentille. Ce n'était pas un rayon, mais une lumière diffuse, très suffisante. Il n'y avait rien d'autre.
- « Asseyez-vous » dit la Voix. Le Terrien obéit et s'assit sur le siège le plus proche. Il le trouva très confortable, comme s'il était fait de mousse de caoutchouc recouvert de vinylite mais sans trace de couture ou de suture, comme moulé en un e seule pièce. Un déclic et la porte se referma.
- « Où voulez-vous aller? reprit la Voix. Nous proposons de vous emmener à New-York et retour en 30 minutes?»
- « New-York et retour en 30 minutes ? Mais New-York est 3 200 km d'ici, soit 6 400 km. Il faut donc atteindre la vitesse de 14 000 km/h. Comment pouvez-vous produire une telle énergie ? Et l'accélération ? Il n'y a même pas de ceinture à ces sièges ».
- « Vous ne ressentirez aucun des effets de l'accélération, car il n'y a pas d'accélération. Ne craignez rien, nous démarrons. Je vous expliquerai en route ce que vous ne comprenez pas. Je vais maintenant supprimer la lumière de la chambre et allumer le projecteur ».
Effectivement la lumière diffuse s'éteignit et fut remplacée l'instant d'après par un rayon violet foncé qui couvrait la porte d'entrée et la rendait aussi transparente que la glace la plus pure.
La Voix reprit « Comme vous le voyez la porte est devenue transparente. Pourtant les métaux sont opaques parce que les photons lumineux sont captés et absorbés dans les orbites des électrons 'les atomes ou' ils passent. Cette captation se produit lorsque la fréquence des photons est la même que celle des atomes. L'Energie ainsi emmagasinée est bientôt restituée dans la zone infra-rouge du spectre qui n'est pas visible à l' œil et échappe donc à notre perception. Il y a plusieurs moyens de rendre presque tous les corps transparents, ou tout au moins translucides. L'un d'entre eux consiste à créer un champ matriciel entre les atomes qui ne peuvent plus alors absorber les photons. Ce champ matriciel se développe dans certaines substances au moment de la cristallisation. Un autre système élève la Fréquence du photon, ce qui évite sa capture par l'atome. Le rayon d'énergie que vous voyez projeté sur la porte, est un « multiplicateur de fréquence ». Le rayon traverse le métal comme le font les Rayon X et les Rayons Cosmiques. A ces fréquences, les ondes venant de l'extérieur passent facilement à travers le métal, puis interfèrent avec notre rayon et il en résulte ce que vous appelez UNE FREQUENCE BATTANTE, identique aux fréquences de la lumière. Pour faire cette con' paraison, ce système peut s'identifier à celui des ONDES PORTEUSES de vos émissions de Radio, sauf que la modulation est appliquée « up stream » au lieu de la source de l'onde porteuse. »
Etonné, FRY dit « Pour quelqu'un qui n'a jamais mis les pieds sur notre planète, vous semblez bien renseigné sur notre technologie. Comment connaissez-vous les ONDES PORTEUSES et les MODULATJONS ».
- « Vous sous-estimez nos possibilités. Vous n'avez pas idée de la quantité d'observations précises que nous possédons sur vos activités des dernières générations. Tout ce que vous faites et toutes vos émissiQns sont enregistrées, étudiées, classées. Maintenant nous allons accélérer ».
Machinalement, FRY s'agrippa à son siège. A travers la porte transparente, il vit soudain le sol TOMBER avec une incroyable rapidité, mais il ne ressentit aucune pression, ni aucun malaise. Les lumières de la Base militaire fuyaient, déjà loin. Celles de Las Cruces apparaissaient. L'engin obliqua sur la gauche et monta, découvrant le ruban brillant de l'autoroute qui relie Las Cruces à El Paso, illuminé par les feux des innombrables voitures. FRY reconnut les lumières de Ciudad Juarez - Fort Bliss - El Paso, la ligne mince, noire et sinueuse du fleuve Rio Grande, puis plus rien qu'une sorte de vert légèrement phosphorescent. Le ciel était noir et les étoiles semblaient plus brillantes.
- « Vous êtes à 20 km d'altitude dit la Voix! et vous montez de 800 m par seconde. Lorsque nous aurons atteint 54 km d'altitude, nous commencerons le vol horizontal. A cette hauteur, l'air raréfié offre une résistance très diminuée.»
« Maintenant je vais vous expliquer pourquoi il n'y a pas de ceinture aux fauteuils. La force que nous utilisons pour mouvoir nos véhicules est de nature identique au champ gravitationnel (pesanteur). Elle agit non seulement sur chaque atome du véhicule, mais aussi sur chaque atome de ce qu'il contient, y compris les passagers. Ainsi, chaque atome étant accéléré de la même façon, n'exerce aucune pression sur le voisin et tout se passe très bien ».
- « En ce cas, pourquoi donc je ne flotte pas dans l'air comme toutes les choses qui sont dans un missile en chute libre ? »
- « Avant que le champ magnétique ne soit établi, l'appareil était immobile au sol, et vous aussi sur votre fauteuil. La force de gravité agissait sur vous. Lorsque la force motrice a agi à la lois sur la S. V. et sur votre corps, l'attraction terrestre a continué d'agir sur l'une et l'autre, et continuera tant qu'elle ne diminuera pas, à mesure que la S. V. s'éloigne de la Terre. Lorsque l'appareil échappera totalement à l'attraction terrestre alors tout flottera dans l'intérieur et il sera nécessaire de reproduire artificiellement une attraction gravitationnelle ».
« La force de gravité à laquelle nous sommes soumis habituellement est d'environ la moitié de celle de la Terre. Il nous faut beaucoup de temps pour nous habituer à votre pesanteur car les organes internes ayant un poids double que sur notre habitat, se déplacent vers le bas et leurs fonctions ne se font plus normalement. D'autres complications viendraient aussi par la différence de pression sanguine entre la tête et les pieds. Il faut s'y habituer progressivement, les tissus porteurs se renforçant peu à peu. Lors-que nous y serons arrivés et Si les problèmes immédiats de survie de votre race peuvent être résolus, nous espérons que vous-même et quelques autres Terriens de bonne volonté, voudrez bien vous joindre à nous pour nous aider à combler l'énorme fossé qui existe entre notre culture et la vôtre. Nous ne voulons pas vous imposer de force notre façon de vivre et nos connaissances, Si cela n'est pas votre désir et si cela ne vous est pas avantageux. Or ce n'est pas le cas actuellement.»
« D'autre part notre but n'est pas entièrement philanthropique, car votre planète possède en abondance certains matériaux rares dans le système solaire, matériaux que nous pourrions utiliser au profit de nos peuples comme des vôtres ».
- « Pouvez-vous m'expliquer comment fonctionne votre appareil ? Comment produisez-vous l'énorme énergie qu'il faut pour atteindre de telles vitesses? »
- « C'est difficile de vous le faire comprendre car il faut d'abord étendre considérablement votre savoir en Physique. Il vous faut apprendre des concepts et des mots nouveaux nécessaires à l'explication que vous demandez. Je vais employer une analogie. Un homme qui recherche la connaissance scientifique est comme une fourmi qui monte sur un arbre. Elle monte, mais sa vue étant trop limitée pour englober le tronc tout entier, elle s'engage sur des branches secondaires sans se douter qu'elle n'est plus sur le tronc. Tout va bien pendant un moment, elle monte et peut profiter du fruit de son progrès, mais vient le moment où la branche se divise en quantités de tiges et de feuilles axées dans toutes les directions. Vous en êtes à ce point. Vous avez abandonné le tronc des « Lois Basiques » et vous vous perdez dans les multiples voies qui s'offrent à vous. Vos savants en concluent qu'ils ont atteint les limites du savoir et qu'en définitive toutes les lois physiques deviennent pure statistique. Parvenus à ce point, ils pourraient progresser encore en suivant une ligne de raisonnement abstrait, en utilisant les symboles mathématiques dont plusieurs représentent des quantités qui n'existent pas et qui, par conséquent, ne peuvent pas être représentés et suivis par l'intellect. Un tel procédé ressemble au métro souterrain, vous prenez le train qu'il faut, vous arriverez à la destination désirée, mais comme vous ne voyez pas où vous allez, il est possible qu'il existe une manière plus simple et plus facile de vous rendre à l'endroit voulu.»
« Les Vérités fondamentales sont toujours simples et compréhensibles Si on les voit du bon côté. Là réside le secret se mettre à l'endroit où la vue peut s'étendre sur l'ensemble. C'est ainsi que nous connaissons bien mieux que vous l'histoire de votre race ».
« De même, de l'endroit où vous êtes, vous ne pouvez pas vous situer. Cette Grande Ville, au Nord est St Louis et à l'horizon devant vous, cette lueur, c'est Cincinnati. - Vous y serez dans deux minutes et ensuite vous verrez les lumières de Pittsburg. Vous serez à New-York dans quelques instants. Le véhicule où vous êtes n'est pas prévu pour transporter des passagers et il n'est pas équipé de compensateurs de gravité négative comme nos appareils plus importants. Par conséquent à la descente vous aurez la sensation de peser moins. Si cela vous incommode, je réduirai l'accélération. »
Effectivement FRY sentit son estomac se soulever et cela dura 30 secondes environ, puis tout redevînt normal.
La Voix reprit « Vous descendez maintenant à un vitesse constante. Lorsque vous aurez atteint l'altitude voulue, l'arrêt de la descente provoquera une augmentation de votre poids, mais nous pouvons compenser cela et vous ne sentirez rien,. Vous êtes à 33 km d'altitude et New-York est devant vous. Votre vitesse a été réduite à 1000 km heure, pour vous permettre de mieux voir. Votre véhicule va faire le tour de la ville pour que vous puissiez la voir sous tous les angles. »
La vue était féerique et les lumières de l'immense cité brillaient comme des millions de diamants bleus scintillant sur un fonds de velours noir. Toute la ville semblait être une mer de points luminescents animés de pulsations. Le Dr FRY était émerveillé et il pensa que ce moment aurait été encore plus apprécié s'il avait pu voyager ainsi dans un vaisseau-mère.
Ce désir fut perçu car la Voix reprit « Nous regrettons de n'avoir pas eu le temps de préparer un tel voyage, mais n'oubliez pas que nous ne sommes pas encore adaptés à votre atmosphère et que vous n'êtes pas adapté à la nôtre. Si nous avions eu le temps, nous vous aurions confectionné une sorte de scaphandre qui vous aurait permis de venir dans notre vaisseau, mais cela vous aurait encombré désagréablement. D'autre part, lorsque nous nous maintenons dans une position fixe près de votre planète, sans être en orbite, nous tirons fortement sur nos réserves énergétiques, et il nous faut nous en aller au bout de quelque temps pour refaire le plein d'énergie en faisant une ou deux orbites autour de soleil dans la zone extérieure de sa couronne.»
« Comme tous les véhicules interstellaires, notre vaisseau est muni d'un dispositif qui l'enveloppe entièrement d'un champ magnétique. Une des fonctions de ce champ consiste à absorber toutes les formes de radiations électro-magnétiques, depuis la chaleur radiante jusqu'aux rayons cosmiques, et de convertir leur énergie en une forme où elle peut être accumulée pour un usage ultérieur. Nos vaisseaux peuvent ainsi collecter de petites quantités d'énergie utilisable, même en se déplaçant dans l'espace interstellaire. Cependant, après un long voyage, il est nécessaire de recharger le vaisseau en s'approchant de l'étoile la plus proche.»
« La vitesse d'absorption et de conversion de l'énergie est presque illimitée de sorte que la chaleur ou autres formes de radiations qui atteignent le navire, n'ont aucun effet sensible sur lui ou sur ses passagers. Certains de nos patrouilleurs rapides peuvent passer à travers de faibles épaisseurs de la photosphère qui entoure les étoiles sans dommage. Au cours d'un tel passage, des quantités d'énergie égales à des millions de vos kilowatt-heures sont converties et stockées, à chaque seconde d'exposition. Dans les chambres de conversion, l'énergie prend d'abord la forme d 'un plasma très dense contenu dans des champs très puissants et finalement se transforme en une sorte de matière assez stable, mais prête à se résoudre en énergie utilisable. L'énergie acquise en tombant vers votre soleil, est utilisée à contrebalancer la gravité solaire lorsque notre vaisseau décrit une orbite partielle et, par un « effet de fronde », le vaisseau est projeté dans la direction d'où il venait.»
« Après avoir refait le plein d'énergie nous retournons dans le voisinage de votre planète. Lorsque le moment sera venu, nous prendrons de nouveau contact avec vous. Entre temps je continuerai à entraîner mon corps pour supporter votre ambiance ».
- « Je ne serai peut-être plus ici répliqua FRY, car mon travail se termine et je dois rentrer chez moi en Californie. Quel est votre nom ? Donne-t-on des noms chez vous? »
- « Oui, nous avons des noms bien qu'on ne les utilise que rarement entre nous. Si je deviens un membre de votre race, appelez-moi ALAIN, prénom courant chez vous, dont la phonétique se rapproche de mon nom qui se prononce AH-LAHN. Quant à votre départ en Californie, cela n'offre pour nous aucune gêne à vous contacter car nous avons votre fréquence exacte et votre esprit capte très bien. D'ailleurs si vous aviez un peu plus de pratique à interpréter les images mentales, nous aurions pu vous montrer tous les détails de notre vaisseau-mère sans que vous ayez à y pénétrer ».
« Si je me concentre en fermant les yeux, pourriez-vous me projeter un schéma en coupe de votre vaisseau ? »
- « Difficile répliqua Alain un peu sèchement. Vous faites erreur concernant la perception extra-sensorielle. D'abord il n'y a rien de sensoriel. C'est une possibilité normale du système de perception dont vous êtes muni, lequel comporte plusieurs modes de perception. Cependant, au cours d'une phase de développement d'une race, cette possibilité de perception devient nulle parce qu'elle est plutôt une forme de communication publique et que, dans cette période l'individu a besoin de silence dans ses mots et ses pensées. Beaucoup d'animaux utilisent ce sens bien mieux que vos peuples et, pour certains insectes, c'est le seul moyen de communication entre eux ».
« De plus il ne faut pas vous concentrer car cette attitude bloque toute réception. Pour capter correctement, vous devez au contraire atteindre un état de complète relaxation. C'est ce que vous pouvez faire, vous, cas plutôt rare chez les Terriens. Lorsque nous avons analysé votre mental, bien avant de prendre contact avec vous, nous avons constate que vous utilisez un système de relaxation mentale très intéressant à cause de son efficacité et de sa simplicité. Vous voyez ce que je veux dire. »
|
|