Deuxième partie — De l’union sexuelle
Chapitre premier
Des sortes d’union sexuelle, suivant :
(a) Les dimensions ;
(b) La force du désir ou la passion ;
(c) Le temps
Sortes d’unions
L’homme est divisé en trois classes, savoir : l’homme-lièvre, l’homme-taureau et l’homme-cheval, suivant la grandeur de son Lingam.
La femme aussi, suivant la profondeur de son yoni, est une biche, une jument, ou un éléphant femelle.
Il s’ensuit qu’il y a trois unions égales entre personnes de dimemsions correspondantes, et six unions inégales, quand les dimensions ne correspondent pas ; soit neuf en tout, comme on le voit dans le tableau ci-dessous :
Égales
Lièvre Taureau Cheval
Biche Jument Éléphant
Inégales
Lièvre Lièvre Taureau Taureau Cheval Cheval
Jument Éléphant Biche Éléphant Biche Jument
Dans ces unions inégales, lorsque l’homme surpasse la femme en dimensions, son union avec la femme qui, sous ce rapport, vient immédiatement après lui, s’appelle haute union, et elle est de deux sortes ; tandis que son union avec la femme la plus éloignée de lui pour les dimensions s’appelle très haute union, et n’est que d’une sorte.
Par contre, lorsque la femme surpasse l’homme en dimensions, son union avec l’homme qui vient immédiatement après elle s’appelle Basse union, et elle est de deux sortes ; tandis que son union avec l’homme le plus éloigné d’elle s’appelle très basse union, et n’est que d’une sorte.
En d’autres termes, le cheval et la jument, le taureau et la biche, forment la haute union, tandis que le cheval et la biche forment la très haute union. Du côté des femmes, l’éléphant et le taureau, la jument et le lièvre, forment la basse union, tandis que l’éléphant et le lièvre forment la très basse union.
Il y a donc neuf sortes d’unions suivant les dimensions. De ces unions, les égales sont les meilleures ; celles d’un degré superlatif, c’est-à-dire les très hautes et les très basses, sont les pires ; les autres sont de moyenne qualité, et parmi celles-ci les hautes sont meilleures que les basses.
Il y a aussi neuf sortes d’unions suivant la force de la passion ou désir charnel, savoir :
Hommes
Petite Moyenne Intense
Femmes
Petite Moyenne Intense
Hommes
Petite Petite Moyenne Moyenne Intense Intense
Femmes
Moyenne Intense Petite Intense Petite Moyenne
On dit de quelqu’un que c’est un homme de petite passion lorsque son désir au moment sexuel n’est pas vif, que son sperme est peu abondant, et qu’il ne peut supporter les chaudes étreintes de la femme.
Ceux qui ont un meilleur tempérament sont appelés hommes de passion moyenne ; et ceux qui sont pleins de désir, hommes de passion intense.
De même, les femmes sont supposées avoir les trois degrés de passion, comme il est spécifié plus haut.
Enfin, suivant le temps employé, il y a trois catégories d’hommes et de femmes, savoir : ceux ou celles qui emploient peu de temps, ceux ou celles qui emploient un temps modéré, et ceux ou ce les qui emploient un long temps ; et de là résultent, comme dans les combinaisons précédentes, neuf sortes d’unions.
Mais, sur ce dernier point, les opinions diffèrent au sujet de la femme, et il faut le constater.
Uddalaka dit : « Les femmes n’émettent pas comme les hommes. 22; Les hommes assouvissent simplement leur désir, tandis que les femmes, dans leur conscience du prurit, ressentent une certaine sorte de plaisir qui leur est agréable, mais il leur est impossible de vous dire quelle sorte de plaisir elles ressentent. Un fait qui rend ceci évident, c’est que, dans le coït, les hommes s’arrêtent d’eux mêmes après les hautes unions sont réputées meilleures que les basses, car, dans les premières, il est aisé à l’homme de satisfaire sa passion sans faire de mal à la femme, tandis que, dans les secondes, il est difficile que la femme soit entièrement satisfaite.
L’émission, et sont satisfaits, mais qu’il n’en est pas ainsi pour les femmes. » Cette opinion, toutefois, se heurte à une objection : c’est que si l’homme fait durer l’acte longtemps, la femme l’aime davantage, et que s’il le fait trop vite, elle est mécontente de lui. Et cette circonstance, disent quelques-uns, prouverait que la femme émet aussi.
Mais cette opinion n’est pas fondée ; car s’il faut un long temps pour calmer le désir d’une femme, et que durant ce temps elle ressente un grand plaisir, il est tout à fait naturel qu’elle souhaite de le voir durer. Et là-dessus il y a un verset dont voici le texte :
« Par l’union avec les hommes, la lubricité, le désir ou la passion des femmes sont satisfaits, et le plaisir qu’elles en ressentent est appelé leur satisfaction. » Les disciples de Babhravya, d’un autre côté, disent Que le sperme des femmes continue à tomber du commencement à la fin de l’union sexuelle ; et cela doit être, car si elles n’avaient pas de sperme, il n’y aurait pas d’embryon. Ici encore on objecte : Au début du coït la passion de la femme est moyenne et elle a peine à soutenir les vigoureuses poussées de son amant ; mais par degrés sa passion s’accroît jusqu’à ce qu’elle n’ait plus conscience de son corps, et alors enfin elle éprouve le désir de cesser le coït.
Cette objection, toutefois, est sans valeur ; car même dans les choses ordinaires qui se meuvent avec une grande force, comme une roue de potier, ou une toupie, la motion, pour commencer, est lente, mais par degrés devient très rapide. De même, la passion d’une femme s’étant graduellement accrue, elle éprouve le désir de cesser le coït quand tout son sperme est écoulé. Et il y a là-dessus un verset dont voici le texte :
« L’émission du sperme de l’homme a lieu seulement à la fin du coït, tandis que le sperme de la femme s’écoule d’une manière continue ; et quand le sperme de l’un et de l’autre est tout entier écoulé, alors ils éprouvent le désir de cesser le coït. » Enfin, Vatsyayana est d’avis que le sperme de la femme s’écoule de la même façon que celui de l’homme.
Maintenant, que qu’un pourra demander ici : Si l’homme et la femme sont des êtres de même espèce et concourent tous deux au même résultat, pourquoi ont-ils chacun des fonctions différentes à remplir ?
Vatsyayana répond qu’il en est ainsi parce que les manières d’opérer, aussi bien que la conscience du plaisir, sont différentes chez l’homme et chez la femme. La différence dans les manières d’opérer, l’homme étant agent et la femme patiente, est due à la nature du mâle et de la femelle : autrement l’agent pourrait être quelquefois le patient, et vice versa. Et de cette différence dans les manières d’opérer suit une différence dans la conscience du plaisir, car l’homme pense :
« Cette femme m’est unie », et la femme pense : « Je suis unie à cet homme. »
On peut observer : Si les manières d’opérer sont différentes chez l’homme et chez la femme, pourquoi n’y aurait-il pas une différence dans le plaisir même qu’ils ressentent et qui est le résultat de ces manières d’opérer ?
Mais cette objection est sans fondement : car l’agent et le patient étant des personnes de différente sorte, il y a là une raison pour qu’ils opèrent de différentes manières ; mais il n’y a pas de raison pour qu’il y ait une différence quelconque dans le plaisir qu’ils ressentent, parce que ce Plaisir dérive naturellement pour tous deux de l’acte qu’ils accomplissent.
Là. dessus encore, quelques uns pourront dire : Lorsque différentes personnes sont occupées au même ouvrage, nous voyons qu’elles concourent au même but ou objet ; tandis qu’au contraire, dans l’union de l’homme et de la femme, chacun deux poursuit son but séparément, ce qui est illogique. Mais l’observation n’est pas juste ; car nous voyons quelquefois deux choses faites en même temps, comme dans le combat de béliers, où les deux béliers reçoivent, chacun en même temps, le choc sur leur tête. De même, lorsqu’on lance l’une contre l’autre deux boules à jouer, et encore dans un combat ou lutte d’athlètes. Si l’on observe que, dans ce cas, les éléments employés sont de même sorte, on répondra que, dans le cas de l’homme et de la femme, la nature des deux personnes est aussi la même. Et comme la différence dans leur manière d’opérer provient seulement de leur différence de conformation, il s’ensuit que les hommes éprouvent la même sorte de plaisir que les femmes.
Il y a aussi là-dessus un verset dont voici le texte : « Les hommes et les femmes étant de même nature, trouvent la même sorte de plaisir ; et conséquemment un homme doit épouser une femme qui puisse l’aimer toujours dans la suite. » Étant prouvé que le plaisir des hommes et des femmes est de même sorte, il s’ensuit que, par rapport au temps, il y a neuf sortes de commerce sexuel, de même qu’il y en a neuf sortes par rapport à la force de la passion.
Et comme il existe ainsi neuf sortes d’unions par rapport aux dimensions, à la force de la passion et au temps, la combinaison de toutes ces sortes en produirait d’innombrables. conséquemment, dans chaque sorte particulière d’union sexuelle, les hommes doivent employer tels moyens qu’ils jugeront convenables pour l’occasion.
La première fois qu’a lieu l’union sexuelle, la Passion de l’homme est intense, et le temps qu’il y met, court ; mais dans les unions subséquentes de la même journée, c’est le contraire qui arrive. Il en est tout autrement de la femme, car, à la première fois, sa passion est faible, et le temps qu’elle y met, long ; mais aux reprises subséquentes de la même journée, sa passion est intense et le temps court, jusqu’à ce qu’elle soit pleinement satisfaite.
Des différente sortes d’amour Les hommes versés dans les humanités sont d’avis qu’il y a quatre sortes d’amour, savoir :
1. Amour résultant d’une habitude continue.
L’amour résultant de l’exécution constante et continue de tel ou tel acte est dit amour acquis par pratique et habitudes constantes : comme, par exemple, l’amour du commerce sexuel, l’amour de la chasse, l’amour de la boisson, l’amour du jeu, etc.
2. Amour résultant de l’imagination.
L’amour ressenti pour des choses auxquelles on n’est pas habitué, et qui procède entièrement des idées, est dit amour résultant de l’imagination : comme, par exemple, l’amour que certains hommes, femmes et eunuques éprouvent jour l’Auparishtaka ou congrès buccal, et celui que tout le monde éprouve pour des actes tels que d’embrasser, et baiser, etc.
3. Amour résultant de la foi.
L’amour réciproque des deux Parts, et dont la sincérité n’est pas douteuse, quand chacun voit dans l’autre une moitié de soi-même, est dit amour résultant de la foi par expérience.
4. Amour résultant de la Perception d’objets extérieurs.
L’amour résultant de la perception d’objets extérieurs est bien évident et bien connu de tout le monde, car le plaisir qu’il procure est supérieur au plaisir des autres sortes d’amour, qui n’existent que par lui.
Ce qui est dit dans ce chapitre au sujet de l’union sexuelle est suffisant pour l’homme instruit ; mais pour l’édification de l’ignorant, ce même sujet va être maintenant traité au long et en détail et à leurs femmes. Une foule d’hommes sont dans la plus complète ignorance des sentiments de leur femme, et ne s’inquiètent nullement si elle est bien ou mal disposée. Pour posséder à fond le sujet, il est absolument nécessaire de l’étudier ; on saura alors que, comme pour faire du pain il faut préparer la pâte, de même il faut préparer sa femme pour le commerce sexuel, si on veut qu elle en tire satisfaction.
Chapitre II
De l’embrassement.
Cette partie des Kama Shastra, qui traite de l’union sexuelle, est aussi appelée « Soixante quatre » Chatushshashti. Certains vieux auteurs disent qu’on l’appelle ainsi parce qu’elle contient soixante-quatre chapitres. Suivant d’autres, l’auteur de cette partie étant un personnage nommé Panchala, et celui qui récitait la partie des Rig Veda dite Dashatapa, qui contient soixante-quatre versets, se nommait aussi Panchala, le nom de « Soixante-quatre » a été donné à cette partie de l’ouvrage en l’honneur des Iôg Veda. D’un autre côté, les disciples de Babhravya disent que cette partie renferme huit sujets, savoir : l’embrassement, le baiser, l’égratignure avec les ongles ou les doigts, la morsure, le coucher, la production de différents sons, la femme jouant le rôle de l’homme, et l’Auparishtaka, ou congrès buccal. Chacun de ces sujets ayant huit divisions, et huit multiplié par huit donnant soixante-quatre, cette partie est en conséquence appelée « Soixante-quatre ». Mais Vatsyayana affirme que cette partie contenant aussi les sujets suivants, savoir : les coups, les cris, les actes de l’homme durant le congrès, les différentes sortes de congrès, et d’autres encore, c’est par hasard seulement Que ce nom de « Soixante-quatre » lui a été donné. On dit, par exemple : cet arbre est « Saptapama », ou à sept feuilles ; cette offrande de riz est « Panchavama », ou de cinq couleurs, quoique l’arbre n’ait pas sept feuilles, ni le riz cinq couleurs.
Quoi qu’il en soit, il est ici traité de cette partie « Soixante-quatre », et l’on va s’occuper du premier sujet, l’embrassement.
Or l’embrassement, qui indique l’amour mutuel de l’homme et de la femme réunis, est de quatre sortes, savoir :
L’action, dans chaque cas, est déterminée par le sens du mot qui la désigne.
Touchant.
Lorsqu’un homme, sous un prétexte ou sous un autre, va au-devant ou à côté d’une femme et touche son corps avec le sien, c’est l’embrassement touchant.
Persant.
Lorsqu’une femme, dans un endroit solitaire, se penche comme pour ramasser quelque chose, et perce, pour ainsi dire, un homme assis ou debout, avec ses seins, dont l’homme s’empare aussitôt, c’est l’embrassement persant.
Les deux sortes d’embrassements ci.dessus n’ont lieu qu’entre personnes qui ne se parlent pas encore librement.
Frottant.
Lorsque deux amants se promènent lentement ensemble, dans l’obscurité, dans un lieu fréquenté ou dans un endroit solitaire, et se frottent le corps l’un contre l’autre, c’est l’embrassement frottant.
Pressant.
Lorsque, en pareille occasion, l’un d’eux presse le corps de l’autre avec force contre un mur ou un pilier, c’est l’embrassement pressant.
Ces deux derniers embrassements sont particuliers à ceux qui savent leurs intentions réciproques.
Au moment de la rencontre, quatre sortes d’embrassements sont usités, savoir :
Jataveshtitaka, ou l’enlacement du reptile.
Lorsqu’une femme, se cramponnant à un homme comme un reptile s’enlace à un arbre, attire sa tête vers la sienne dans l’intention de le baiser, et, faisant entendre un léger son de soûtt soûtt, l’embrasse et le regarde avec amour, cet embrassement s’appelle l’enlacement du reptile.
Vrikshadhirudhaka, ou le grimpement à l’arbre.
Lorsqu’une femme, ayant placé un pied sur le Pied de son amant, et l’autre sur une de ses cuisses, passe un de ses bras sur ses reins et l’autre sur ses épaules, chantonne à mi-voix comme si elle roucoulait, et veut, en quelque sorte, grimper sur lui pour avoir un baiser, cet embrassement s’appelle le grimpement à l’arbre.
Ces deux sortes d’embrassements ont lieu lorsque l’amant est debout.
Tila.Tandulaka, ou le mélange de graines de sésame et de riz.
Lorsque les amants sont couchés dans un lit, et s’embrassent si étroitement que les bras et les cuisses de l’un sont enlacés par les bras et les cuisses de l’autre, dans une sorte de frottement réciproque, cet embrassement s’appelle le mélange de graines de sésame et de riz.
Kshiraniraka, ou l’embrassement lait et eau.
Lorsqu’un homme et une femme s’aiment violemment, et, sans s’inquiéter de se faire mal, s’embrassent comme s’ils voulaient pénétrer dans le corps l’un de l’autre, que la femme soit assise sur les genoux de l’homme, ou devant lui, ou sur un lit, cet embrassement s’appelle le mélange de lait et d’eau.
Ces deux sortes d’embrassements ont lieu au moment de l’union sexuelle.
Telles sont les huit sortes d’embrassements que nous a relatées Babhravya.
Suvamanabha nous donne, en outre, quatre manières d’embrasser de simples membres du corps, qui sont :
L’embrassement des cuisses.
Lorsque l’un des deux amants Presse avec force une des cuisses de l’autre, ou toutes les deux, contre a sienne ou les siennes propres, cela s’appelle l’embrassement des cuisses.
L’embrassement du jaghana, c’est-à-dire de la partie du corps entre le nombril et les cuisses.
Lorsque l’homme presse le jaghana ou partie médiane du corps de la femme contre le sien, et monte sur elle soit pour l’égratigner avec les ongles ou les doigts, soit pour la mordre, ou la frapper, ou la baiser, la chevelure de la femme étant dénouée et flottante, cela s’appelle l’embrassement du jaghana.
L’embrassement des seins.
Lorsqu’un homme applique sa poitrine contre les seins d’une femme et l’en presse, cela s’appelle l’embrassement des seins.
L’embrassement du front.
Lorsqu’un des amants applique sa bouche, ses yeux et son front sur la bouche, les yeux et le front de l’autre, cela s’appelle l’embrassement du front.
Suivant quelques-uns, le massage aussi est une sorte d’embrassement, parce qu’il implique un contact de deux corps. Mais Vatsyayana pense que le massage a lieu à un autre moment et dans un but différent, et comme, de plus, il est d’un autre caractère, on ne peut pas dire qu’il soit compris dans les embrassements.
Il y a aussi, là-dessus, quelques versets dont voici le texte :
« Le sujet tout entier de l’embrassement est de telle nature, que les hommes qui s’en enquièrent, ou qui en entendent parler, ou qui en parlent, éprouvent par cela seul un désir de jouissance. Certains embrassements non mentionnés dans les Kama Shastra doivent être néanmoins pratiqués au moment de la jouissance sexuelle, s’ils peuvent de façon ou d’autre Procurer un accroissement d’amour. Les règles des Shastra sont applicables aussi longtemps que la passion de l’homme est moyenne ; mais une fois la roue d’amour mise en motion, il n’y a plus ni Shastra ni règles. »
Chapitre III
Du baiser.
Quelques-uns prétendent qu’il n’y a pas d’ordre ni de temps fixé pour l’embrassement, le baiser, et la pression ou égratignure avec les ongles ou les doigts, mais que toutes ces choses doivent avoir lieu généralement avant l’union sexuelle : tandis que les coups et l’émission de différents sons accompagnent généralement cette union. Vatsyayana, quant à lui, pense que tout est on à un moment quelconque, l’amour n’ayant souci ni d’ordre ni de temps.
À l’occasion du premier congrès, il faut user modérément du baiser et des autres pratiques ci-dessus mentionnées, ne pas les continuer longtemps, et les alterner. Mais, aux reprises suivantes, c’est le contraire qui est de saison, et la modération n’est plus nécessaire ; on peut les continuer longtemps et, afin d’attiser l’amour, les exercer toutes à la fois.
Le baiser portera sur les Parties suivantes : le front, les yeux, les joues, la gorge, la poitrine, les seins, les lèvres et l’intérieur de la bouche. Les gens du pays de Lat baisent aussi les endroits suivants : les jointures des cuisses, les bras et le nombril. Mais Vatsyayana est d’avis que, si ces gens pratiquent ainsi le baiser par excès d’amour et conformément aux coutumes de leur province, il n’est pas convenable de tous de les imiter.
Maintenant, lorsqu’il s’agit d’une jeune fille, trois sortes de baisers sont en usage, savoir :
Le baiser nominal.
Lorsqu’une fille touche seulement la bouche de son amant avec la sienne, mais sans rien faire elle même, cela s’appelle le baiser nominal.
Le baiser palpitant.
Lorsqu’une fille, mettant un peu de côté sa pudeur, veut toucher sa lèvre qui presse sa bouche et, dans ce but, fait mouvoir sa lèvre inférieure, mais non la supérieure, cela s’appelle le baiser palpitant.
Le baiser touchant.
Lorsqu’une fille touche la lèvre de son amant avec sa langue, et fermant les yeux, met ses mains dans celles de son amant, cela s’appelle le baiser touchant.
D’autres auteurs décrivent quatre sortes de baisers, savoir :
Le baiser droit.
Lorsque les lèvres de deux amants sont directement mises contact les unes avec les autres, cela s’appelle un baiser droit.
Le baiser penché.
Lorsque les têtes de deux amants sont penchées l’une l’autre et que, dans cette position, ils se donnent un baiser, s’appelle un baiser penché.
Le baiser tourné.
Lorsque l’un d’eux fait tourner le visage de l’autre en lui la tête et le menton, et lui donne alors un baiser, cela s’appelle baiser tourné.
Le baiser pressé.
Enfin, lorsque la lèvre inférieure est pressée avec force, s’appelle un baiser pressé.
Il y a aussi une cinquième sorte de baiser, qu’on appelle le grandement pressé. On le pratique en tenant la lèvre inférieure deux doigts, puis, après l’avoir touchée avec la langue, on la très fort avec la lèvre.
En matière de baiser, on peut jouer à qui s’emparera des lèvres de l’autre. Si la femme perd, elle fera mine de écartera son amant en battant des mains, lui tournera le dos et cherchera querelle en disant : « Donne-moi la revanche. » Si elle une seconde fois, elle paraîtra doublement affligée ; et amant sera distrait ou endormi, elle s’emparera de sa lèvre et la tiendra entre ses dents, de façon qu’elle ne puisse puis elle éclatera de rire, fera grand bruit, se moquera de lui, tout autour, et dira ce qui lui passera par la tête, en remuant sourcils et en roulant les yeux. Tels sont, les jeux et les querelles accompagnent le baiser, mais on peut les associer aussi à la ou égratignure avec les ongles et les doigts, à la morsure et à verbération. Toutefois, ces pratiques ne sont familières qu’aux hommes et aux femmes de passion intense.
Lorsqu’un homme baise la lèvre supérieure d’une femme, et celle-ci, en retour, baise la lèvre inférieure de son amant, cela est le baiser de la lèvre supérieure.
Lorsque l’un d’eux prend entre ses lèvres les deux lèvres de cela s’appelle un baiser sernant. Mais cette sorte de baiser n’est par une femme que sur un homme sans moustaches. Et si, de ce baiser, l’un des amants touche avec sa langue les dents, et le palais de l’autre, cela s’appelle le combat de la langue. Il y a de pratiquer, de la même manière, la pression des dents de l’un la bouche de l’autre.
Le baiser est de quatre sortes, savoir : modéré, contracté, et doux, suivant les différentes parties du corps car différentes sortes de baisers sont appropriées du corps.
Lorsqu’une femme regarde le visage de son amant pendant sommeil, et le baise. Pour montrer son intention ou désir, cela s’appelle un baiser qui attise l’amour.
Lorsqu’une femme baise son amant pendant qu’il est en affaires, ou qu’il a querelle, ou qu’il regarde quelque autre chose, de façon à distraire son esprit, cela s’appelle un baiser qui distrait.
Lorsqu’un amant, rentré tard la nuit, baise sa maîtresse endormie sur son lit afin de lui montrer son désir, cela s’appelle un baiser qui éveille. En pareille occasion, la femme peut faire semblant de dormir à l’arrivée de son amant, de sorte qu’elle puisse connaître son intention et obtenir son respect.
Lorsqu’une personne baise l’image de la personne aimée, réfléchie dans un miroir, dans l’eau, ou sur un mur, cela s’appelle un baiser qui montre l’intention.
Lorsqu’une personne baise un enfant assis sur ses genoux, ou une peinture, ou une image, ou une figure, en présence de la personne aimée, cela s’appelle un baiser transféré.
Lorsque la nuit, au théâtre, ou dans une réunion de caste, un homme allant au-devant d’une femme baise un doigt de sa main si elle est debout, ou un orteil de son pied si elle est assise ; ou lorsqu’une femme, en massant le coys de son amant, met son visage sur sa cuisse, comme si elle vouait dormir, de manière à enflammer sa passion, et baise sa cuisse ou son gros orteil, cela s’appelle un baiser démonstratif Il y a aussi, sur ce sujet, un verset dont voici le texte :
« Toute chose, quelle qu’elle soit, que l’un des amants fait à l’autre, celui-ci doit la lui rendre ; c’est-à-dire, si la femme baise l’homme, l’homme doit la baiser en retour ; si elle le frappe, il doit de même la frapper en retour. »
Chapitre IV
De la pression, ou marque, ou égratignure avec les ongles.
Lorsque l’amour devient intense, c’est le cas de pratiquer la pression ou l’égratignure du corps avec les ongles. Cette pratique a lieu dans les occasions suivantes : lors de la première visite ; au moment de partir pour un voyage ; au retour d’un voyage ; au moment de la réconciliation avec un amant irrité ; et enfin, lorsque la femme est ivre., Mais la pression avec les ongles n’est familière qu’aux amants à passion intense. Ceux qui s’y plaisent associent cette pratique à la morsure.
La pression avec les ongles est de huit sortes, suivant la forme des marques qui en résultent, savoir :
1. Sonore.
Lorsqu’une personne presse le menton, les seins, la lèvre inférieure ou le jaghana d’une autre, si doucement qu’il n’en reste aucune marque ou égratignure, et que le poil seul se dresse sur le corps au contact des ongles, qui eux-mêmes rendent un son, cela s’appelle une pression sonore avec les ongles.
Cette pression est usitée à l’égard d’une jeune fille, lorsque son amant la masse, lui gratte la tête, et veut la troubler ou l’effrayer.
2. Demi-lune.
La marque courbe avec les ongles, qui est imprimée sur le cou et les seins, s’appelle la demi-lune.
3. Cercle.
Lorsque les demi-lunes sont imprimées l’une contre l’autre, cela s’appelle un cercle. Cette marque avec les ongles se fait généralement sur le nombril, sur les petites cavités à l’entour des fesses, et sur les jointures des cuisses.
4. Ligne.
Une marque en forme de petite ligne, qu’on peut faire sur n’importe quelle Partie du corps, s’appelle une ligne.
5. Griffe de tigre.
La même ligne, si elle est courbe, et tracée sur la poitrine, s’appelle une griffe de tigre.
6. Patte de paon.
Lorsqu’on trace une ligne courbe sur la poitrine au moyen des cinq ongles, cela s’appelle une patte de paon. On fait cette marque dans le but d’en tirer honneur, car il faut beaucoup d’adresse pour l’exécuter proprement.
7. Saut de lièvre.
Lorsque cinq marques avec les ongles sont faites l’une près de l’autre aux environs de la mamelle, cela s’appelle le saut du lièvre.
8. Feuille de lotus bleu.
Une marque faite sur la poitrine ou sur les hanches en forme de feuille de lotus bleu s’appelle la feuille de lotus bleu.
Lorsqu’une personne, au moment de partir en voyage, fait une marque sur les cuisses ou sur la poitrine, cela s’appelle un signe de souvenir. Il est d’usage, en pareille occasion, d’imprimer trois ou quatre lignes l’une près de l’autre avec les ongles.
Les endroits sur lesquels doit porter cette pression avec les ongles sont : le creux de l’aisselle, la gorge, les seins, les lèvres, le jafhana ou partie médiane du corps, et les cuisses. Mais Suvamanabla est d’avis que, si l’impétuosité de la passion est excessive, il n’y a pas à se préoccuper de l’endroit.
Les qualités requises pour de bons ongles, c’est qu’ils soient brillants, bien plantés, propres, entiers, convexes, doux et polis. Les ongles sont de trois sortes, suivant leur grandeur, savoir :
Petits.
Moyens.
Grands.
Les grands ongles, qui donnent de la grâce aux mains et attirent, par leur apparence, le cœur des femmes, sont possédés par les Bengalis.
Les petits ongles, dont on peut se servir de diverses manières, mais seulement pour donner du plaisir, sont possédés par les gens des districts méridionaux.
Les ongles moyens, qui ont les propriétés des deux autres sortes, appartiennent au peuple de Maharashtra.
Ici finit la marque avec les ongles. On peut encore, par leur moyen, taire d’autres marques que celles ci-dessus décrites ; car, suivant l’observation des anciens auteurs, autant sont innombrables les degrés l’adresse parmi les hommes, Qui tous connaissent la pratique de cet art, autant sont innombrables les manières de faire ces marques. Et comme la pression ou la marque avec les ongles dépendent de l’amour, Personne ne peut dire avec certitude combien de sortes différentes il en existe réellement. La raison de ceci, pour Vatsyayana, c’est que, si la variété est nécessaire en amour, l’amour doit être produit par la variété des moyens. Voilà pourquoi les courtisanes, qui font bien au fait des diversités de voies et moyens, sont si désirables ; Car cette variété que l’on recherche dans tous les arts et amusements, tels que le tir à l’arc et autres exercices, à combien plus forte raison doit-on la rechercher en matière d’amour ?
Les marques d’ongles ne doivent pas être faites sur des femmes mariées ; mais on peut imprimer, sur leurs parties secrètes, des sortes particulières de marques, pour remémorer ou accroître l’amour.
Il y a aussi, sur ce sujet, quelques versets dont voici le texte :
« L’amour d’une femme qui voit des marques d’ongles sur les parties secrètes de son corps, même si elles sont anciennes et Presque effacées, se ravive et se renouvelle. S’il n’y a pas de marques longues pour rappeler à une personne le passage de l’amour, alors l’amour diminue comme il arrive lorsqu’on laisse passer un long temps sans qu’il y ait d’union. » Lorsqu’un étranger aperçoit, même de loin, une jeune femme avec des marques d’ongles sur les seins, (Il paraîtrait, d’après ceci, que dans les anciens temps les femmes avaient les seins découverts ; c’est ce qu’on voit dans les peintures de l’Ajunta et autres caveaux, où les seins des grandes dames et des princesses de sang royal sont représentés à nu. ) il est saisi pour elle d’amour et de respect.
Pareillement, un homme qui porte des marques d’ongles ou de dents sur certaines Parties de son corps, influence l’esprit d’une femme, si ferme qu’il soit d’ailleurs. Bref, rien n’est puissant pour accroître l’amour comme les marques d’ongles ou de morsures. |
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