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INTRODUCTION A L'ETUDE DE LA DOCTRINE SPIRITE
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Pour les choses nouvelles il faut des mots nouveaux, ainsi le veut la clarté du langage, pour éviter la confusion inséparable du sens multiple des mémes termes. Les mots spirituel, spiritualiste, spiritualisme ont une acception bien définie; leur en donner une nouvelle pour les appliquer à la doctrine des Esprits serait multiplier les causes déjà si nombreuses d'amphibologie. En effet, le spiritualisme est l'opposé du matérialisme; quiconque croit avoir en soi autre chose que la matière est spiritualiste; mais il ne s'en suit pas qu'il croie à l'existence des Esprits ou à leurs communications avec le monde visible. Au lieu des mots spirituel, spiritualisme, nous employons pour désigner cette dernière croyance ceux de spirite et de spiritisme, dont la forme rappelle l'origine et le sens radical, et qui par cela même ont l'avantage d'ètre parfaitement intelligibles, réservant au mot spiritualisme son acception propre. Nous dirons donc que la doctrine spirite ou le spiritisme a pour principes les relations
du monde matériel avec les Esprits ou étres du monde invisible. Les adeptes duspiritisme
seront les spirites ou, si l'on veut, les spiritistes.
Comme spécialité, le Livre des Esprits contient la doctrine spirite; comme généralité, il se rattache à la doctrine spiritualiste dont il présente l'une des phases. Telle est la raison pour laquelle il porte en tête de son titre les mots: Philosophie spiritualiste.
Il est un autre mot sur lequel il importe également de s'entendre, parce que c'est une des clefs de voûte de toute doctrine morale, et qu'il est le sulet de nombreuses controverses, faute d'une acception bien déterminée, c'est le mot âme. La divergence d'opinions sur la nature de l'âme vient de l'application particulière que chacun fait de ce mot. Une langue parfaite, où chaque idée aurait sa représentation par un terme propre, éviterait bien des discussions; avec un mot pour chaque chose, tout le monde s'entendrait.
Selon les uns, l'âme est le principe de la vie matérielle organique; elle n'a point d'existence propre et cesse avec la vie: c’est le matérialisme pur. Dans ce sens, et par comparaison, ils disent d'un instrument fêlé qui ne rend plus de son: qu'il n'a pas d'âme. D'après cette opinion, l'âme serait un effet et non une cause.
D'autres pensent que l'âme est le principe de l'intelligence, agent universel dont chaque être absorbe une portion. Selon eux, Il n'y aurait pour tout l'univers qu'une seule âme qui distribue des étincelles entre les divers êtres intelligents pendant leur vie; après la mort, chaque étincelle retourne à la source commune où elle se confond dans le tout, comme les ruisseaux et les fleuves retournent à la mer d'où ils sont sortis. Cette opinion diffère de la précédente en ce que, dans cette hypo-thèse, il y a en nous plus que la matière et qu'il reste quelque chose après la mort; mais c'est à peu près comme s'il ne restait rien, puisque, n'ayant plus d'individualité, nous n'aurions plus conscience de nous-même. Dans cette opinion, l'âme universelle serait Dieu et chaque être une portion de la Divinité, c'est une variété du panthéisme.
Selon d'autres enfin, l'âme est un être moral, distinct, indépendant de la matière et qui conserve son individualité après la mort. Cette acception est, sans contredit, la plus générale, parce que, sous un nom ou sous un autre, l'idée de cet être qui survit au corps se trouve à l'état de croyance instinctive et indépendante de tout enseignement, chez tous les peuples, quel que soit le degré de leur civilisation. Cette doctrine, selon laquelle l'âme est la cause et non l'effet, est celle des spiritualistes.
Sans discuter le mérite de ces opinions, et en ne considérant que le côté linguistique de la chose, nous dirons que ces trois applications du mot âme constituent trois idées distinctes qui demanderaient chacune un terme différent. Ce mot a donc une triple acception, et chacun a raison à son point de vue, dans la définition qu'il en donne; le tort est à la langue de n'avoir qu un mot pour trois idées. Pour éviter toute équivoque, iI faudrait restreindre l'acception du mot âme à l'une de ces trois idées; le choix est indifférent, le tout est de s'entendre, c'est une affaire de convention. Nous croyons plus logique de le prendre dans son acception la plus vulgaire; c'est pourquoi nous appelons AME l'être immatériel et individuel qui réside en nous et qui survit au corps. Cet être n'existerait-il pas, et ne serait-il qu'un produit de l'imagination, qu'il faudrait encore un terme pour le désigner.
A défaut d'un mot spécial pour chacun des deux autres points nous appelons:
Principe vital le principe de la vie matérielle et organique, quelle qu'en soit la source, et qui est commun à tous les êtres vivants, depuis les plantes jusqu'à l'homme. La vie pouvant exister abstraction faite de la faculté de penser, le principe vital est une chose distincte et indépendante. Le mot vitalité ne rendrait pas la même idée. Pour les uns, le principe vital est une propriété de la matière, un effet qui se produit lorsque la matière se trouve dans certaines circonstances données; selon d'autres, et c'est l'idée la plus commune, il réside dans un fluide spécial, universellement
répandu et dont chaque être absorbe et s'assimile une partie pendant la vie, comme nous
voyons les corps inertes absorber la lumière; ce serait alors le fluide vital, qui, selon certaines opinions, ne serait autre que le fluide électrique animalisé, désigné aussi sous les noms de fluide magnétique, fluide nerveux, etc.
Quoi qu'il en soit, il est un fait que l'on ne saurait contester, car c'est un résultat d'observation, c'est que les êtres organiques ont en eux une force intime qui produit le phénomène de la vie, tant que cette force existe; que la vie matérielle est commune à tous les êtres organiques, et qu'elle est indépendante de l'intelligence et de la pensée; que l'intelligence et la pensée sont les facultés propres à certaines espèces organiques; enfin que, parmi les espèces organiques douées de l'intelligence et de la pensée, il en est une douée d'un sens moral spécial qui lui donne une incontestable supériorité sur les autres, c'est l'espèce humaine.
On conçoit qu'avec une acception multiple, l'âme n'exclut ni le matérialisme, ni le
panthéisme. Le spiritualiste lui-même peut très bien entendre l'âme selon l'une ou l'autre des deux premières définitions, sans préludice de l'être immatériel distinct auquel il donnera alors un nom quelconque. Ainsi ce mot n'est point le représentant d'une opinion: c'est un protée que chacun accommode à sa guise; de là, la source de tant d'interminables disputes.
On éviterait également la confusion, tout en se servant du mot âme dans les trois cas, en y ajoutant un qualificatif qui spécifierait le point de vue sous lequel on l'envisage, ou l'application qu'on en fait. Ce serait alors un mot générique, représentant à la fois le principe de la vie matérielle, de l'intelligence et du sens moral, et que l'on distinguerait par un attribut, comme les gaz, par exemple, que l'on distingue en ajoutant les mots hydrogène. oxygène ou azote. On pourrait donc dire, et ce serait peut-être le mieux, l'âme vitale pour le principe de l'intelligence et l'âme spirite pour le principe de notre individualité après la mort. Comme on le voit, tout cela est une question de mots, mais une question très importante pour s'entendre.
D'après cela l'âme vitale serait commune à tous les êtres organiques: plantes, animaux et hommes; l'âme intellectuelle serait le propre des animaux et des hommes, et râme spirite appartiendrait à l'homme seul.
Nous avons cru devoir insister d'autant plus sur ces explications que la doctrine spirite repose naturellement sur l'existence en nous d'un être indépendant de la matière et survivant au corps. Le mot âme devant se produire fréquemment dans le cours de cet ouvrage, il importait d'être fixé sur le sens que nous y attachons afin d'éviter toute méprise.
Venons maintenant à l'objet principal de cette instruction préliminaire.
La doctrine spirite, comme toute chose nouvelle, a ses adeptes et ses contradicteurs. Nous allons essayer de répondre à quelques-unes des objections de ces derniers, en examinant la valeur des motifs sur lesquels ils s'appuient sans avoir toutefois la prétention de convaincre tout le monde, car il est des gens qui croient que la lumière a été faite pour eux seuls. Nous nous adressons aux personnes de bonne foi, sans idées préconçues ou arrêtées quand même, mais sincèrement désireuses de s'instruire, et nous leur démontrerons que la plupart des objections que l'on oppose à la doctrine proviennent d'une observation incomplète des faits et d'un jugement porté avec trop de légèreté et de précipitation. Rappelons d'abord en peu de mots la série progressive des phénomènes qui ont donné naissance à cette doctrine.
Le premier fait observé a été celui d'objets divers mis en mouvement; on l'a désigné
vulgairement sous le nom de tables tournantes ou danse des tables. Ce phénomène, qui paraît avoir été observé d'abord en Amérique, ou plutôt qui s'est renouvelé dans cette contrée, car l'histoire prouve qu'il remonte à la plus haute antiquité, s'est produit accompagné de circonstances étranges, telles que bruits insolites, coups frappés sans cause ostensible connue.
De là, il s'est rapidement propagé en Europe et dans les autres parties du monde; il a d'abord soulevé beaucoup d'incrédulité, mais la multiplicité des expériences n'a bientôt plus permis de douter de la réalité.
Si ce phénomène eut été borné au mouvement des objets matériels, il pourrait s'expliquer par une cause purement physique. Nous sommes loin de connaître tous les agents occultes de la nature, ni toutes les propriétés de ceux que nous connaissons: l'électricité, d'ailleurs, multiplie chaque jour à l'infini les ressources qu'elle procure à l'homme, et semble devoir éclairer la science d'une lumière nouvelle. Il n'y avait donc rien d'impossible à ce que l'électricité, modifiée par certaines circonstances, ou tout autre agent inconnu, fût la cause de ce mouvement, la réunion de plusieurs personnes augmentant la puissance d'action semblait appuyer cette théorie, car on pouvait considérer cet ensemble comme une pile multiple dont la puissance est en raison du nombre des éléments.
Le mouvement circulaire n'avait rien d'extraordinaire: il est dans la nature; tous les astres se meuvent circulairement; nous pourrions donc avoir en petit un reflet du mouvement général de l'univers, où, pour mieux dire, une cause jusqu'alors inconnue pouvait produire accidentellement pour les petits objets et dans des circonstances données un courant analogue à celui qui entraîne les mondes.
Mais le mouvement n'était pas toujours circulaire; il était souvent saccadé, désordonné, l'objet violemment secoué, renversé, emporté dans une direction quelconque, et, contrairement à toutes les lois de la statique, soulevé de terre et maintenu dans l'espace. Rien encore dans ces faits qui ne puisse s'expliquer par la puissance d'un agent physique invisible. Ne voyons-nous pas l'électricité renverser les édifices, déraciner les arbres, lancer au loin les corps les plus lourds, les attirer ou les repousser ?
Les bruits insolites, les coups frappés, en supposant qu'ils ne fussent pas un des effets ordinaires de la dilatation du bois ou de toute autre cause accidentelle, pouvaient encore très bien être produits par l'accumulation du fluide occulte: l'électricité ne produit-elle pas les bruits les plus violents ?
Jusque-là, comme on le voit, tout peut rentrer dans le domaine des faits purement physiques et physiologiques. Sans sortir de ce cercle d'idées, il y avait là la matière d'études sérieuses et dignes de fixer l'attention des savants. Pourquoi n'en a-t-il pas été ainsi? Il est pénible de le dire, mais celâ tient à des causes qui prouvent entre mille faits semblables la légèreté de l'esprit humain. D'abord la vulgarité de l'objet principal qui a servi de base aux premières expérimentations n'y est peut-être pas étrangère. Quelle influence un mot n'a-t-il pas souvent sur les choses les plus graves! Sans considérer que le mouvement pouvait être imprimé à un objet quelconque, l'idée des tables a prévalu, sans doute parce que c'était l'objet le plus commode et qu'on s'assied plus naturellement autour d'une table qu'autour de tout autre meuble. Or, les hommes supérieurs sont quelquefois si puérils qu'il n'y aurait rien d'impossible à ce que certains esprits d'élite aient cru au-dessous d'eux de s'occuper de ce que l'on était convenu d'appeler la danse des tables. Il est même probable que, si le phénomène observé par Galvani l'eût été par des hommes vulgaires et fût resté caractérisé par un nom
burlesque, il serait encore relégué à côté de la baguette divinatoire. Quel est, en effet, le savant qui n'aurait pas cru déroger en s'occupant de la danse des grenouilles?
Quelques-uns cependant, assez modestes pour convenir que la nature pourrait bien n'avoir
pas dit son dernier mot pour eux, ont voulu voir, pour l'acquit de leur conscience; mais il est arrivé que le phénomène n'a pas toujours répondu àleur attente, et de ce qu'il ne s'était pas constamment produit à leur volonté, et selon leur mode d'expérimentation, ils ont conclu à la négative; malgré leur arrêt, les tables, puisque tables il y a , continuent à tourner, et nous pouvons dire avec Galilée: et pourtant elles se meuvent! Nous dirons plus: “c'est que les faits se sont tellement multipliés qu'ils ont aujourd'hui droit de cité, et qu'il ne s'agit plus que d'en trouver une explication rationnelle”. Peut-on introduire quelque chose contre la réalité du phénomène de ce qu'il ne se produit pas d'une maniére toujours identique selon la volonté et les exigences de l'observateur? Est-ce que les phénomènes d'électricité et de chimie ne sont pas subordonnés à certaines conditions et doit-on les nier parce qu'ils ne se produisent pas en dehors de ces conditions? Y a-t-il donc rien d'étonnant que le phénomène du mouvement des objets par le fluide humain ait aussi ses conditions d'être et cesse de se produire lorsque l'observateur, se plaçant à son propre point de vue, prétend le faire marcher au gré de son caprice, ou l'assujettir aux lois des phénomènes connus, sans considérer que pour des faits nouveaux, il peut et doit y avoir des lois nouvelles? Or, pour connaître ces lois, il faut étudier les circonstances dans lesquelles les faits se produisent, et cette étude ne peut être que le fruit d'une observation soutenue, attentive et souvent fort longue.
Mais, objectent certaines personnes, il y a souvent supercherie évidente. Nous leur
demanderons d'abord si elles sont bien certaines qu'il y ait supercherie, et si elle n'ont pas pris pour telle des effets dont elles ne pouvaient se rendre compte, àpeu près comme ce paysan qui prenait un savant professeur de physique faisant des expériences, pour un adroit escamoteur.
En supposant même que cela ait pu avoir lieu quelquefois, serait-ce une raison pour nier le fait? Faut-il nier la physique parce qu'il y a des prestidigitateurs qui se décorent du titre de physiciens? Il faut d'ailleurs tenir compte du caractère des personnes et de l'intérêt qu'elles pourraient avoir à tromper. Ce serait donc une plaisanterie? On peut bien s'amuser un instant, mais une plaisanterie indéfiniment prolongée serait aussi fastidieuse pour le mystificateur que pour le mystifié. Il y aurait, au reste, dans une mystification qui se propage d'un bout du monde à l'autre, et parmi les personnes les plus graves, les plus honorables et les plus éclairées, quelque chose d'au moins aussi extraordinaire que le phénomène lui-même.
Si les phénomènes qui nous occupent se fussent bornés au mouvement des objets, ils
seraient restés comme nous l'avons dit, dans le domaine des sciences physiques; mais il n'en est point ainsi: il leur était donné de nous mettre sur la voie de faits d'un ordre étrange. On crut découvrir, nous ne savons par quelle initiative, que l'impulsion donnée aux objets n'était pas seulement le produit d'une force mécanique aveugle, mais qu'il y avait dans ce mouvement l'intervention d'une cause intelligente. Cette voie une lois ouverte, c'était un champ tout nouveau d'observations; c'était le voile levé sur bien des mystères. Y a-t-il, en effet, une puissance intelligente? Telle est la question. Si cette puissance existe, quelle estelle, quelle est sa nature, son origine? Est-elle au-dessus de l'humanité? Tel!es sont les autres questions qui découlent de la première.
Les premières manifestations intelligentes eurent lieu au moyen de tahles se levant et
frappant, avec un pied, un nombre déterminé de coups et répondant ainsi par oui ou par non, suivant la convention, à une question posée. Jusque-là rien de convaincant assurément pour les sceptiques, car on pouvait croire à une effet du hasard. On obtint ensuite des réponses plus développées par les lettres de l'alphabet: l'objet mobile, frappant un nombre de coups correspondant au numéro d'ordre de chaque lettre, on arrivait ainsi à formuler des mots et des phrases répondant à des questions posées. La justesse des réponses, leur corrélation avec la question excitèrent l'étonnement. L'être mystérieux qui répondait ainsi, interrogé sur sa nature, déclara qu'il était Esprit ou génie, se donna un nom et fournit divers renseignements sur son compte. Ceci est une circonstance très importante à noter. Personne n'a donc imaginé les Esprits comme un moyen d'expliquer le phénomène; c'est le phénomène lui-même qui révèle le mot. On fait souvent, dans les sciences exactes, des hypothèses pour avoir une hase de raisonnement, or, ce n'est point ici le cas.
Ce moyen de correspondance était long et incommode. L'Esprit, et ceci est encore une
circonstance digne de remarque, en indiqua un autre. C'est l'un de ces êtres invisibles qui donna le conseil d'adapter un crayon à une corbeille ou àun autre objet. Cette corbeille, posée sur une feuille de papier, est luise en mouvement par la même puissance occulte qui fait mouvoir les tables; mais au lieu d'un simple mouvement régulier, le crayon trace de lui-même des caractères formant des mots, des phrases et des discours entiers de plusieurs pages. traitant les plus hautes questions de philosophie, de morale, de métaphysique, de psychologie, etc., et cela avec autant de rapidité que si l'on écrivait avec la main.
Ce conseil fut donné simultanément en Amérique, en France et dans diverses contrées.
Voici les termes dans lesquels il fut donné à Paris, le 10 juin 1853, à l'un des plus fervents adeptes de la doctrine, qui, déjà depuis plusieurs années et dès 1849, s'occupait de l'évocation des Esprits:
“ Va prendre, dans la chambre à côté, la petite corbeille; attaches-y un crayon; place-le sur un papier; mets les doigts sur le bord”. Puis, quelques instants après, la corbeille s'est mise en mouvement et le crayon a écrit très lisiblement cette phrase: “ Ce que je vous dis là, je vous défends expressément de le dire à personne; la première fois que j'écrirai, j'écrirai mieux ”.
L'objet auquel on adapte le crayon n'étant qu'un instrument, sa nature et sa forme sont
complètement indifférentes; on a cherché sa disposition la plus commode; c'est ainsi que
heaucoup de personnes font usage d'une petite planchette.
La corbeille, ou la planchette, ne peut être mise en mouvement que sous l'influence de
certaines personnes douées, à cet égard, d'une puissance spéciale et que l'on désigne sous le nom de médiums, c'est-à-dire milieu, ou intermédiaires entre les Esprits et les hommes. Les conditions qui donnent cette puissance spéciale tiennent à des causes tout à la fois physiques et morales encore imparfaitement connues, car on trouve des médiums de tout âge, de tout sexe et dans tous les degrés de développement intellectuel. Cette faculté, du reste, se développe par l'exercice.
Plus tard on reconnut que la corbeille et la planchette ne formaient. en réalité, qu'un
appendice de la main, et le médium. prenant directement le crayon, se mit à écrire par une impulsion involontaire et presque fébrile. Par ce moyen, les communications devinrent plus rapides, plus faciles et plus complètes; c'est aujourd'hui le plus répandu, d'autant plus que le nombre des personnes douées de cette aptitude est très considérable et se multiplie tous les jours. L'expérience enfin fit connaître plusieurs autres variétés dans la faculté médiatrice, et l'on sut que les communications pouvaient également avoir lieu par la parole, l'ouïe, la vue, le toucher, etc., et même par l'écriture directe des Esprits, c'est-à-dire sans le concours de la main du médium ni du crayon.
Le fait obtenu, un point esssentiel restait à constater, c'est le rôle du médium dans les réponses et la part qu'il peut y prendre mécaniquement et moralement. Deux circonstances capitales, qui ne sauraient échapper à un observateur attentif, peuvent résoudre la question. La première est la manière dont la corbeille se meut sous son influence, par la seule imposition des doigts sur le bord; l'examen démontre l'impossibilité d'une direction quelconque. Cette impossibilité devient surtout patente lorsque deux ou trois personnes se placent en même temps àla même corbeille; il faudrait entre elles une concordance de mouvement vraiment phénoménale; il faudrait, de plus, concordance de pensées pour qu'elles pussent s'entendre sur la réponse à faire à la question posée. Un autre fait, non moins singulier, vient encore ajouter à la difficulté, c'est le changement radical de l'écriture selon l'Esprit qui se manifeste, et chaque fois que le même esprit revient, son écriture se reproduit. Il faudrait donc que le médium se fût appliqué à changer sa propre écriture de vingt manières différentes et surtout qu'il pût se souvenir de celle qui appartient à tel ou tel Esprit.
La seconde circonstance résulte de la nature même des réponses qui sont, la plupart du temps, surtout lorsqu'il s'agit de questions abstraites ou scientifiques, notoirement en dehors des connaissances et quelquefois de la portée intellectuelle du médium, qui, du reste, le plus ordinairement, n'a point conscience de ce qui s'écrit sous son
influence; qui, très souvent même, n'entend pas ou ne comprend pas la question posée,
puisqu'elle peut l'être dans une langue qui lui est étrangère, ou même mentalement, et que la réponse peut être faite dans cette langue. Il arrive souvent enfin que la corbeille écrit spontanément, sans question préalable, sur un sujet quelconque et tout à fait inattendu.
Ces réponses, dans certains cas, ont un tel cachet de sagesse, de profondeur et d'à-propos; elles révèlent des pensées si élevées, si sublimes, qu'elles ne peuvent émaner que d'une intelligence supérieure, empreinte de la moralité la plus pure; d'autres fois elles sont si légères, si frivoles, si triviales même, que la raison se refuse à croire qu'elles puissent procéder de la même source. Cette diversité de langage ne peut s'expliquer que par la diversité des intelligences qui se manifestent. Ces intelligences sont-elles dans l'humanité ou hors de l'humanité? Tel est le point à éclaircir et dont on trouvera l'explication complète dans cet ouvrage, telle qu'elle est donnée par les Esprits eux-mêmes.
Voilà donc des effets patents qui se produisent en dehors du cercle habituel de nos
observations, qui ne se passent point avec mystère, mais au grand jour, que tout le monde peut voir et constater, qui ne sont pas le privilège d'un seul individu, mais que des milliers de personnes répètent tous les jours àvolonté. Ces effets ont nécessairement une cause et du moment qu'il révèlent l'action d'une intelligence et d'une volonté, ils sortent du domaine purement physique.
Plusieurs théories ont été émises à ce sujet: nous les examinerons tout à l'heure et nous verrons si elles peuvent rendre raison de tous les faits qui se produisent. Admettons, en attendant, l'existence d'êtres distincts de l'humanité, puisque telle est l'explication fournie par les intelligences qui se révèlent, et voyons ce qu'il nous disent.
Les êtres qui se communiquent ainsi se désignent eux-mêmes. comme nous l'avons dit. sous
le nom d'Esprits ou de génies. et comme ayant appartenu, pour quelques-uns du moins, aux
hommes qui ont vécu sur la terre. Ils constituent le monde spirituel, comme nous constituons pendant notre vie le monde corporel.
Nous résumons ici, en peu de mots, les points les plus saillants de la doctrine qu'ils nous ont transmise, afin de répondre plus facilement à certaines objections.
“Dieu est éternel, immuable, immatériel, unique, tout-puissant, souverainement juste et bon.
“ Il a créé l'univers “qui comprend tous les êtres animés et inanimés, matériels et
immatériels.
“ Les êtres matériels constituent le monde visible ou corporel, et les êtres immatériels le monde invisible ou spirite, c'est-à-dire des Esprits.
“ Le monde spirite est le monde normal, primitif, éternel, préexistant et survivant à tout.
“ Le monde corporel n'est que secondaire; il pourrait cesser d'exister, ou n'avoir jamais existé, sans altérer l'essence du monde spirite.
“ Les Esprits revêtent temporairement une enveloppe matérielle périssable, dont la
destruction. par la mort, les rend à la liberté.
“Parmi les différentes espèces d'êtres corporels, Dieu a choisi l’espèce humaine pour
l’incarnation des Esprits arrivés à un certain degré de développement, c'est ce qui lui donne la supériorité morale et intellectuelle sur les autres.
“ L'âme est un Esprit incarné dont le corps n'est que l'enveloppe.
“Il y a dans l'homme trois choses : 1 ° le corps ou être matériel analogue aux animaux, et animé par le même principe vital; 2° l'âme ou être immatériel. Esprit incarné dans le corps ; 3° le lien qui unit l'âme et le corps, principe intermédiaire entre la matière et l'Esprit.
“ L'homme a ainsi deux natures: par son corps, il participe de la nature des animaux dont il a les instincts; par son âme il participe de la nature des Esprits.
“ Le lien ou périsprit qui unit le corps et l'Esprit est une sorte d'enveloppe semi-matérielle.
La mort est la destruction de l'enveloppe la plus grossière, l'Esprit conserve la seconde, qui constitue pour lui un corps éthéré, invisible pour nous dans l'état normal, mais qu'il peut rendre accidentellement visible et même tangible, comme cela a lieu dans le phénomène des apparitions.
“L'Esprit n'est point ainsi un être abstrait, indéfini, que la pensée seule peut concevoir; c'est un être réel, circonscrit, qui, dans certains cas, est appréciable par les sens de la vue, de l'ouïe et du toucher.
“Les Esprits appartiennent à différentes classes et ne sont égaux ni en puissance, ni en
intelligence, ni en savoir, ni en moralité. Ceux du premier ordre sont les Esprits supérieurs qui se distinguent des autres par leur perfection, leurs connaissances, leur rapprochement de Dieu, la pureté de leurs sentiments et leur amour du bien: ce sont les anges ou purs Esprits.
Les autres classes s'éloignent de plus en plus de cette perfection; ceux des rangs inférieurs sont enclins à la plupart de nos passions: la haine, l'envie, la jalousie, l'orgueil, etc.; ils se plaisent au mal.
Dans le nombre, il en est qui ne sont ni très bons ni très mauvais, plus brouillons et tracassiers que méchants, la malice et les inconséquences semblent être leur partage: ce sont les Esprits follets ou légers.
“Les Esprits n'appartiennent pas perpétuellement au même ordre. Tous s'améliorent en
passant par les différents degrés de la hiérarchie spirite. Cette amélioration a lieu par l'incarnation qui est impoeée aux uns comme expiation et aux autres comme mission. La vie matérielle est une épreuve qu'ils doi vent subir à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'ils aient atteint la perfection absolue; c'est une sorte d'étamine ou d'épuratoire d'où ils sortent plus ou moins purifiés.
“En quittant le corps, l'âme rentre dans le monde des Esprits d'où elle était sortie, pour reprendre une nouvelle existence matérielle, après un laps de temps plus ou moins long pendant lequel elle est à l'état d'Esprit errant.
“L'Esprit devant passer par plusieurs incarnations, il en résulte que nous tous avons eu
plusieurs existences, et que nous en aurons encore d'autres plus ou moins perfectionnées, soit sur cette terre, soit dans d'autres mondes.
“ L'incarnation des Esprits a toujours lieu dans l'espèce s humaine; ce serait une erreur de croire que l'âme ou Esprit s peut s'incarner dans le corps d'un animal (¹).
“Les différentes existences corporelles de l'Esprit sont toujours progressives et jamais
rétrogrades; mais la rapidité du progrès dépend des efforts que nous faisons pour arriver à la perfection.
“ Les qualités de l'âme sont celles de l'Esprit qui est incarné s en nous; ainsi l'homme de bien est l'incarnation du bon s Esprit, et l'homme pervers celle d'un Esprit impur.
“ L'âme avait son individualité avant son incarnation; elle s la conserve après sa séparation du corps.
“A sa rentrée dans le monde des Esprits, l'âme y retrouve tous ceux qu'elle a connus sur
terre, et toutes ses existences antérieures se retracent à sa mémoire avec le souvenir de tout le bien et de tout le mal qu'elle a fait.
“L'Esprit incarné est sous l'influence de la matière; l'homs me qui surmonte cette influence par l'élévation et l'épuration de son âme se rapproche des bons Esprits avec lesquels il sera un jour. Celui qui se laisse dominer par les mauvaises passions et place toutes ses joies dans la satisfaction des appétits grossiers, se rapproche des Esprits impurs en donnant la prépondérance à la nature animale. |
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