Nous évoquions récemment l’usage de nanoparticules dans des murs qui, par exemple en cas de séisme, se liquéfient sous la pression, ce qui leur permet de combler d’éventuelles fissures avant de se solidifier à nouveau. La presse évoque ces derniers jours plusieurs projets de nanofluides visant quant à eux à prévenir ou réparer les dommages corporels.
Christophe Jacquemin, dans Automates Intelligents, évoque ainsi un gilet pare-balle enrichi de nanoparticules liquides qui se durcissent au moindre choc. Au-delà de la technologie, c’est par la mise en perspective qu’il en fait que son billet vaut le détour.
Dans son récent rapport “Nanotechnologies : le futur est plus proche que nous le pensons“, le Joint Economic Commitee du Congrès américain (chargé d’analyser la situation du pays, et de faire des propositions pour l’améliorer -NDLR) distingue cinq périodes clés dans le développement des nanotechnologies :
. 2000-2005 - nanostructures passives :
cette période tire avantage des propriétés passives des nanomatériaux, qui incluent par exemple les nanotubes de carbone, les nanocouches… ;
. 2005-2010 - nanostructures actives :
les nanostructures ici changent leur état durant leur utilisation, répondant de façon prédictive à l’environnement qui les entourent ;
. 2010-2015 - systèmes de nanosystèmes :
des assemblages de nanosystèmes fonctionnent de concert en vue d’un but (notamment en échangeant des informations durant le processus). Ce stade est porteur d’avancées notables en robotique, biotechnologie et technologies de l’information ;
. 2015-2020 - nanosystèmes moléculaires :
cette période inclut la conception à façon de systèmes atomiques et moléculaires conduisant à une compréhension et au contrôle sans précédent des briques de base pour toute construction générée par la nature ou par l’homme ;
. 2020 et au-delà - ère de la singularité :
moment où l’avancée technologique progresse à taux exponentiel
Selon ce rapport, note Christophe Jacquemin, l’ère des nanostructures passives est déjà derrière nous “avec la fabrication de raquettes de tennis renforcées aux nanotubes de carbone, de pièces de voiture, de produits cosmétiques, de filtres pour la purification des eaux usées…“, et nous serions aujourd’hui passés dans la période des nanostructures actives.
Le Monde relate de son côté l’enthousiasme de Rutledge Ellis-Behnke, chercheuse au département des sciences cognitives et du cerveau du MIT, qui a découvert, par hasard, un “liquide nano” qui, au contact de tissus salés, comme ceux du corps, se transforme instantanément en gel aux multiples propriétés, dont celui de stopper les hémorragies en quelques secondes.
Nano-guérisseurs, ou futurs Prix Nobel ?
Samuel Stupp, chercheur de la Northwestern University (Illinois), rapporte l’AFP, aurait pour sa part réussi à rendre l’usage de leurs membres à des souris paralysées, six semaines après avoir reçu une injection d’une solution destinée à régénérer des cellules de la moelle épinière endommagées au moyen de la nanotechnologie. La méthode pourrait également réparer organes et tissus endommagés, ou encore “sauver et refaire pousser rapidement des neurones endommagés“.
Cette annonce intervenait à l’occasion de la publication d’un nouveau rapport du Project on Emerging Nanotechnologies (projet sur les nanotechnologies émergentes), “NanoFrontiers: Visions for the Future of Nanotechnology” (”Nanofrontières : des visions pour l’avenir de la nanotechnologie”), dont une partie est consacrée à la nanomédecine. Au cours de la conférence de presse, Stupp a déclaré que la médecine régénérative pourrait ainsi prévenir, sinon corriger, la paralysie, la cécité, les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, créer de nouveaux cartilages et dents ou encore réparer tout type de fractures…
Toujours dans le genre “nano-guérisseur” porteur de promesses (qui, comme chacun sait, n’engagent jamais que ceux qui y croient), Nanowerk rapporte de son côté que des universitaires américains essaient de pallier aux limites des transplantations (manque de don, rejets) en cherchant à fabriquer des organes à partir de sortes d’imprimantes 3D mais à l’échelle nanométrique. Les premiers “organes imprimés” pourraient l’être d’ici une dizaine d’années.
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