Le Yoga
Le problème de la pensée occidentale par rapport au yoga est lié à des angles d'approche très différents :
· la pensée occidentale s'appuie sur la dialectique et ne fait appel à l'expérience que de manière minimaliste.
· le yoga, au contraire, use de toutes doctrines disponibles - autant religieuses que philosophiques - pour encadrer, mettre en forme, analyser, étendre les constatations que permet une pratique assidue de la méditation, et des techniques physiques propres à la favoriser. A noter que la méditation n'est pas prioritairement discursive, bien au contraire. Elle vise plus le vide de l'esprit que l'exercice de la mémoire, de la logique ou même de l'intuition. Elle vise plus l'ataraxie que le chatoiement des sentiments.
· Pour ce qui est de la conscience, elle se concentre, se centre sur un foyer de plus en plus étroit ou de plus en plus évanescent, elle se réduit à elle-même et se dépasse à s'oublier au point que l'expérience devient sans témoin au moment où elle culmine, sinon lors du retour ; alors reste le goût, la lumière, la présence, le son du silence comme métaphore de l'indescriptible.
La Science
Pour la science, il s'agira simplement de se donner les moyens d'observer autant que possible, la physiologie, l'activité cérébrale, la thérapeutique liées à ces expériences.
· Abaissement du métabolisme signant le repos extrême des muscles, des processus circulatoire, respiratoire ou endocrinien
· Ralentissement des rythmes cérébraux par synchronisation, répondant à la simplification de la vie mentale,
· Cet apaisement est favorable à la santé.
Le Hatha Yoga et la méditation apparaissent comme des thérapies complémentaires, plutôt qu’alternatives, pour promouvoir et maintenir une « bonne forme » ; ils offrent un excellent exemple de la connexion agissante du corps et de l’esprit.
Le Hatha yoga crée un équilibre, physiquement et émotionnellement, en utilisant des postures, ou asanas, combinées à des techniques respiratoires, ou pranayama.
La méditation et le rêve éveillé non seulement renforcent le travail physique et émotionnel instauré par les postures et la respiration, mais ils ouvrent aussi une porte à la réalisation de soi pour favoriser l’union de la pensée, du corps et de l’esprit. (Gimbel MA, 1998)
Recherches et Résultats
Le Yoga a des effets positifs sur l’état psychique de ceux qui le pratiquent :
Sensation de Bien-Etre
Malathi (2000) a propose à 41 sujets de répondre aux questions du SUBI (Subjective Well Being Inventory) avant et après une période de quatre mois pendant laquelle ils ont pratiqué du yoga. Il a observé une amélioration significative pour neuf des onze échelles de ce test.
Sensation d’énergie et Humeur
Les travaux de C. Wood (1993 - Department of Experimental Psychology, University of Oxford) ont porté sur les effets de trois procédures différentes (étirements par les postures, respiration, visualisation liées à la méditation). Il a évalué les modifications obtenues sur les perceptions d'énergie physique et mentale ainsi que sur les états positifs et négatifs de l'humeur. Les sujets étaient des volontaires normaux (N = 71, gamme d'âge 21-76).
Le pranayama a été le moyen le plus efficace, dans le protocole testé, pour produire une augmentation de l'énergie mentale et physique perçues, une plus grande vigilance et des sentiments d'enthousiasme (P< 0.05).
La relaxation et la visualisation ont rendu les sujets sensiblement plus somnolents et lents que le pranayama (P < 0.05).
Un programme de 30 minutes de stretching yogique et d’exercices de respiration simples (et qui peuvent être pratiqués même par des personnes âgées) a eu un effet nettement « fortifiant » sur la perception d'énergie mentale et physique et sur l’humeur.
Gestion du stress
Shell (1994) comparant deux groupes de femmes (yoga vs lecture en position confortable) n’ont pas trouvé de différence pour certains paramètres endocrines ou pour la tension artérielle ; ils ont observé une diminution de la fréquence cardiaque pendant le yoga, plus de satisfaction, plus d’extraversion, moins d’excitabilité, d’agressivité, d’émotionalité, d’ouverture et de plaintes somatiques, une meilleure gestion du stress et une humeur améliorée.
Intelligence spatiale ?
Telles (2000) a testé un groupe (n=31) d’apprentissage du yoga sur 30 jours (versus groupe contrôle). Il a constaté que le groupe yoga obtenait une meilleure performance dans le labyrinthe au re-test pratiqué 30 jours plus tard ; cela pourrait être lié à la composition du groupe (étudiants plus rapides) mais aussi à l'effet du yoga lui-même.
Contrôle des mouvements fins
On observe une amélioration trémométrique de la performance statique moyenne par le yoga chez des élèves (Telles, 1993).
De même chez des adultes, elle a fait des tests avant/ après 10 j d'asanas, pranayama, meditation, dévotions, and tratakas (N=20 ; 20). Tâche trémométrique : stilet dans des trous è contact=erreur; reduction significative du nombre des erreurs dans le groupe yoga et RAS pour les controles Telles (1994)
De même Manjunath (1999) a étudié la dextérité après entraînement au yoga : manipulation standardisée de petits objets avec une pince à épiler ou « tweezer ». Les scores des sujets « yoga » se sont accrus significativement alors que le groupe contrôle restait stable.
Vitesse des processus neuro-physiologiques
Tapping
On a utilise une tâche de ‘tapping’ avec le doigt pour évaluer la vitesse motrice des deux mains chez 53 adultes et 152 enfants (avant et après entraînement au yoga) comparés à 38 adultes ne pratiquant pas le yoga et servant de référence. Tous les sujets étaient droitiers. Le tapping a été évalué au bout de 10, 20 et 30 secondes. Le test s’est amélioré après 10 jours de Yoga pour les enfants et 30 jours pour les adultes. Mais l’amélioration concernait les 10 premières secondes et pas les suivantes. C’est dire que le Yoga a permis une augmentation de la vitesse mais pas de l’endurance. (Dash M, Telles S., 1999).
Le tapping spontané est censé mesurer le tempo neurophysiologique; ce tempo spontané diminue avec l’âge sans devenir moins stable (cf. Vanneste et coll., 2001)
Fréquence Critique de Fusion
La fréquence critique de fusion (critical flicker fusion frequency ou CFF) a été mesurée par Vani (1997) dans deux groupes appariés (age, sexe, N=18 : 18)
Le groupe yoga pratiquait asanas, pranayamas, kriyas, meditation, sessions dévotionnelles et conférences. Au bout de 10 jours on n’a pas trouvé de différence concernant la CFF. Mais au bout de 20 et 30 jours la CFF est augmentée (10 et 15 %) dans le groupe Yoga et reste stable chez les controles.
Temps de Réaction
Une recherche de Madanmohan et coll. (1992) montre que la pratique du yoga pendant trois mois améliore significativement les temps de réactions visuel et auditif.
Effets généraux
Telles (1993) a montré chez des professeurs d’éducation physique expérimentés (N=40 ; plus de 8 ans d’entraînement) que la pratique de du yoga (trois mois) avait un effet favorable sur le poids, la tension artérielle et les fonctions respiratoires ; ils ont trouvé aussi une diminution de l’excitation autonome et une relaxation psycho-physiologique (rythmes cardiaque et respiratoire diminués)
La Méditation
Les ondes cérébrales
Kamei et ses collaborateurs (2000, Shimane Institute of Health Science, Izumo, Japan) ont mis en évidence pendant leurs exercices, chez sept professeurs de Yoga, une augmentation des ondes alpha et une diminution du cortisol sérique. Ces deux phénomènes étaient fortement corrélés (r = -.83).
Aires cérébrales
Hans C. Lou et ses collaborateurs (1999) de l’Hopital Royal de Copenhague, ont cherché à examiner quelles parties du système nerveux sont modifiées de manière reproductible au cours de la méditation de type Yoga Nidra, et si ces modifications sont différentes de celles qui résultent d’un repos standard.
On a utilisé une évaluation des flux sanguins cérébraux par la tomographie à émission de positons PET (15O-H2O) chez neuf jeunes adultes, professeurs de yoga très entraînés. On a pratiqué en même temps, chez deux des sujets une analyse spectrale EEG et une mesure du flux cérébral sanguin (Cerebral Blood Flow ou CBF).
A l’état de repos standard, on trouve une activité différentielle au niveau du cortex frontal (dorso-latéral et orbital), le gyrus cingulaire antérieur, le gyrus temporal gauche, le lobule parietal inférieur gauche, le striatum et le thalamus, le pont, le cervelet, toutes structures impliquées dans le réseau attentionnel exécutif.
Pendant la méditation, on a observé une activité différentielle dans les cortex postérieurs, sensoriel et associatif, connus pour leur participation aux activités d’imagerie. Ceci avec une exception notable pour l’aire visuelle primaire (aire striée près de la scissure calcarine, ou aire 17 de Brodman).
Métabolisme cérébral
Herzog et ses collaborateurs (1990) ont trouvé que pendant la méditation yoga, le niveau du métabolisme du glucose (regional cerebral metabolic rate of glucose ou rCMRGlc) est significativement plus élevé au pôle frontal qu’au pôle occipital du cerveau (p < 0.05). Ces données indiquent un métabolisme cérébral plus homogène pendant la méditation yoga.
Vyas et ses coll. (2002) ont évalué les effets de la méditation sur le système respiratoire, le système cardiovasculaire et le profil lipidique.
Dans cette étude, fonctions respiratoires, paramètres cardiovasculaires et profil de lipide de méditants et de pratiquants du Raja yoga (meditants à court et à long terme) ont été comparés à des non- méditants. La capacité vitale, le volume courant et la rétention du souffle étaient sensiblement plus élevés ches les méditants. Les méditants à long terme ont une capacité vitale et une pression expiratoire sensiblement plus élevée que les autres.
La tension artérielle diastolique était sensiblement inférieure pour les méditants. La fréquence cardiaque était sensiblement inférieure chez les méditants à long terme que chez les autres. Le profil lipidique a montré un abaissement significatif du cholestérol dans le sérum des méditants en dépit d’une activité physique semblable. Ceci prouve que la méditation du yoga procure une amélioration significative des fonctions respiratoires, des paramètres cardiovasculaires et du profil lipidique. |
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